Une légère brume nous accompagne pour notre retour à la maison. Après une semaine de forte chaleur, ça fait du bien de ressentir un peu de fraîcheur. Nous avons bien fait de mettre nos valises et sacs dans le coffre de la voiture hier soir : nous sommes déjà bien en retard et je ne suis pas innocente dans l'histoire : me coucher tard et aussi perturbée a été une mauvaise idée puisque j'ai complètement oublié de mettre une alarme sur mon téléphone. Heureusement, les garçons n'ont pas oublié de le faire mais on s'est tous réveillés plus tard que ce que nous avions prévu.
La tête dans le brouillard, on se prépare rapidement, on boucle les derniers sacs et nous nous rejoignons dehors.Sans dire un mot, on sait ce que les autres ressentent.
Sans dire un mot, on sait ce qu'on veut se dire.
Et rien de mieux qu'un câlin groupé pour traduire nos ressentiments.Les jumelles partent en première, bien qu'elles n'aient pas le problème des horaires de train. On les salue chaleureusement et les regardons quitter le terrain. Au fond de moi, je sais que ce seront elles que je risque de ne pas voir avant un bon moment. Parce qu'en habitant aussi loin de chez moi, avec nos plannings si différents, on risque de se perdre de vue plus vite que prévu.
- On y va dans 10 minutes, prévient Riordan. Vérifiez que vous n'avez rien oublié.
Flavie, déjà installée dans la voiture, n'a pas envie de faire un tour puisqu'elle est persuadée avoir pris toutes ses affaires. Mais avec Anaïs, on décide de retourner la chambre au cas où qu'un chargeur de téléphone ou un tee-shirt se serait glissé entre deux meubles.
Mais visiblement, nous avons tout pris.- La prochaine fois que je passerai vers chez vous, je vous le signalerai ! nous taquine Valentin quand je me retrouve avec Maxence, sur le perron.
- T'as intérêt. Tu n'auras aucune excuse pour ne pas le faire.
Il ébouriffe mes cheveux et, en tentant de le pousser pour me libérer de sa prise, je manque de tomber. Heureusement pour moi, je me cogne uniquement contre le torse d'Antoine qui semble se réveiller à l'instant. Quoi qu'il porte quotidiennement cette tête fatiguée, de jour comme de nuit.
Valentin rejoint Riordan qui crie que le volet de la piscine ne se referme plus et je me retrouve seule à seule avec Antoine, sur le pas de la porte.C'est la dernière fois que je le vois. J'ai envie de lui souhaiter une bonne route mais ça aurait comme un son de mauvaises notes, sans le comprendre.
- Bon retour alors, souffle-t-il.
- Toi aussi.
On est gênés. Pourquoi le sommes-nous ? Nous ne sommes ni amis, ni rien d'autre. On ne devrait pas être à ce point mal à l'aise. Ce n'est qu'un au revoir. Peut-être qu'un jour nous nous recroiserons, bien que je doute que ça se produise un jour. Il a beau habiter, si j'ai bien compris, à une heure de route, les risques sont minimes, voire inexistants.
- Tu as dit que ce n'était que pour une semaine, que je pouvais me lâcher.
Je me tourne vers lui pour lui faire face. De quoi me parle-t-il ? Je me souviens du moment où je le lui ai dit mais je n'arrive pas à mettre le doigt sur la raison de son évocation actuelle.
- Mais, et si je veux que ça dure plus d'une semaine ? On fait comment ?
Je m'apprête à lui répondre mais aucun mot ne sort parce que je ne trouve rien à lui dire. Qu'est-ce qu'il insinue ? Qu'est-ce que cette phrase peut sous-entendre ?
Anaïs vient à mon secours en me demandant si je suis prête et si on peut y aller. Alors je vois au même moment Riordan et Valentin revenir du jardin. Je me tourne une nouvelle fois vers Antoine qui serre la main de Riordan puis celle de Maxence à qui il dit quelque chose que je n'entends pas. Pendant ce temps, les autres s'installent dans la voiture et je m'apprête à faire de même quand la voix d'Antoine me stoppe dans mon élan.
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À la poursuite du bonheur
RomansaP1/2 : Une semaine de vacances à Cannes va bouleverser le quotidien de Juliette, jeune étudiante en arts de 23 ans. Marquée par les coups de ses parents durant sa jeunesse, elle a toujours souhaité être sauvée par une main tendue. Mais jamais elle n...