Perle

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Elle se tient debout au côté de Dominic. Sa présence imposante est silencieuse. Son corps en équilibre, oscille entre tension et tranquillité, entre rêve et réalité, l'air entre eux est chargé d'électricité. Soudain sa main se pose sur sa chute de rein, sur sa peau nue juste au dessus de sa taille. Le contact est à la fois ferme et délicat, tout en douceur. C'est confus dans sa tête. Un vrai tourbillon d'émotions contradictoires qui se croisent, se décroisent, se percutent. Elle, Lui, dans un lit, il lui fait l'amour tendrement, s'enfonce en elle doucement.

Mais tout ceci n'était qu'un rêve, un joli rêve.

Voulait  elle vraiment de la douceur, de la tendresse ?

Dominic ne fait pas l'amour, elle s'en est aperçue, il baise comme dirait certain personnage dans certain film. Il ne cherche pas une jeune femme à séduire, il cherche une jeune femme à dresser, une jeune femme à soumettre, une jeune femme qui lui obéirait car elle aurait trouvée sa place à ses pieds, les pieds de son Maître. Une soumise digne de lui pour un Maître digne d'elle, qui lui offrirait son corps, son âme, son esprit, qui aurait fait le choix de lui appartenir en toute connaissance de cause, qui aurait choisi d'être totalement à lui, en tout lieu à tout instant.

Non, Dominic ne fait pas l'amour, il fouette, il punit. Les images vont, viennent, ça tournicote dans son crâne.

Mais que voulait elle vraiment ?

Le grondement de la moto pénétrant dans la maison rompit brutalement le silence.  Le bruit presque menaçant du bolide fit écho dans la grande demeure. Quelle idée de faire cohabiter une moto et une voiture dans un loft. Encore dans une demi inconscience, elle émergeait doucement de ses rêves, ses yeux s'ouvrant difficilement, les paupières lourdes marqués par la fatigue des séances. A travers les barreaux qui la séparaient du monde extérieur, elle observait sans bouger, le regard encore brumeux marqué par l'indolence du sommeil. Figée, le bruit de la moto et les barreaux étaient les éléments qui la reliaient à la réalité. Elle se secoua doucement  se rappelant pourquoi elle était si mollasse, si paresseuse. Elle ne fit aucun geste pour réagir, il y avait  une certaine résignation dans son attitude, le temps s'était arrêté ou ce qui l'entourait n'avait plus d'importance. Le contraste entre le grondement de la moto et son calme avait crée une tension lui donnant l'impression de se trouver à un carrefour entre deux mondes, celui du sommeil, du rêve où Dominic est doux et celui de la réalité où règne une certaine violence.

Que se passe-t-il derrière ces barreaux ?

Qu'elle était la vie de cet homme qui l'avait contrainte à devenir ce qu'elle devenait.

Mais était elle contrainte ?

L'obligeait il réellement ou tout cela ne venait il pas tout simplement d'elle ?

Son esprit restait coincé entre deux états, entre le souvenir d'un rêve et la réalité d'un monde qu'elle ne se sentait  pourtant pas prête à affronter pleinement. Sa vie actuelle n'était faite que d'hésitation.

 Le monde de Dominic, celui qu'il lui dévoilait était il vraiment fait pour elle.

Doucement son regard s'ajustait. Toujours figée sur sa couverture, elle attendait... quoi, elle ne savait pas. 

Son casque posé sur la moto, retirant son blouson, Dominic l'observait en silence. Il avait quitté L'Auberge un peu plus tôt, laissant le dénommé Frank entre les main de Nikos. Il sait qu'il va devoir repartir dès qu'il aura les renseignements demandés mais son attitude immobile l'a incité à rentrer. Elle était prostrée depuis quelques minutes semblant planer dans un autre monde, elle attendait. Elle avait bien entendu le bruit de la moto mais perdue dans ses pensées n'avait pas réagi  et n'avait pas vu la silhouette immobile qui l'observait. Le temps passait doucement et la pièce se remplissait  d'ombres que projetait la tombée du soir.

Le ScarifieurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant