Le Scarifieur

Chapitre 108

Sans invitation, sans permission, elle avait été projetée dans ce monde avec une violence presque insoutenable. Elle n'avait pas chercher à y entrer, à y appartenir et pourtant elle était là, arrachée à sa vie d'avant, à sa tranquillité. Tout son environnement  avait été chamboulé. Elle s'était retrouvée là en face de cette réalité qui était devenue la sienne au fil des jours.

Dominic n'avait pas pris de gants avec elle, pas d'explications, pas d'avertissements, il ne s'était même pas donné la peine de la préparer à ce qui l'attendait. Il s'était servi d'elle comme d'un outil sans la moindre considération pour ses capacités ou ses limites.

Son ancien amant l'avait abandonné sans la moindre intention de la récupérer. Elle n'avait été qu'un pion dans un jeu dont elle ne connaissait pas les règles. Elle l'avait suivie sans chercher plus à comprendre, lui avait fait confiance. Côté naïveté, elle avait battue tous les records.

Pouvait elle faire confiance à Dominic ?

Elle hésitait entre l'envie d'y croire et la peur de se perdre dans une illusion. Il y avait quelque chose en Lui qui la captivait, qui l'excitait, quelque chose de rassurant et de dérangeant. Mais derrière cette apparence, il y avait une ombre, comme s'il ne lui avait pas encore montré tout ce dont il était capable. Elle sentait qu'il y avait plus, beaucoup plus à découvrir sur cet homme qui la fixait sans mot dire d'un regard lourd.

Son coeur reprenait un rythme normal. Elle attendait qu'il parle.

Qu'avait il prévu comme punition, car elle n'en doutait pas, son petit coup de sang allait certainement lui valoir quelques fessées.

"J'ai rencontré quelqu'un aujourd'hui qui te connait aujourd'hui, la conversation à été très intéressante, c'était fascinant les choses qu'il savait sur toi, très instructif".

Le ton de sa voix ne portait aucune douceur. C'était une voix l'on sentait une menace dissimulée derrière des mots mesurés. Il n'y avait aucune chaleur dans cette intonation.

Si elle était une salope comme l'autre l'avait mentionné, cela ne le dérangeait pas. Il ne la jugeait pas, s'il trouvait de la soumission dans son regard, de la débauche dans ses geste, il s'en délecterait. Si elle devait se perdre dans ce plaisir,  cette rébellion de son corps, il serait celui qui lui apprendrait à aller plus loin, au prix de beaucoup de larmes et de souffrance. Elle n'était que splendeur imparfaite et si elle ne le rejetait pas il en ferait une belle soumise.

Un courant d'air froid remonta sa colonne vertébrale, ce n'était pas tant ce qu'IL lui disait qui lui donnait la chair de poule mais Sa voix dans laquelle elle avait cru percevoir que cela ne présageait rien de bon pour elle.

Avec qui avait il bien pu parler ?

Cela ne pouvait pas être celui qui l'avait mise dans cette situation. Pour elle à l'heure qu'il était, il devait être loin dans un pays étranger, sur une plage à se faire dorer.

"Tu vois de qui je parle, n'est ce pas ?

Elle eut l'impression de recevoir un coup de poing. C'était lui, elle en était sûr. Elle inspira lentement tentant de calmer la tempête qui grondait en elle.

Le feu de la colère anima ses yeux, elle trembla de rage contenue mais ne bougea pas. Elle n'était pas responsable des actes de cette raclure donc pourquoi remettre ça sur le tapis. Mais Dominic semblait penser le contraire. Elle avait bien essayée de l'enfouir au plus profond  d'elle même, de clore ce chapitre pas très glorieux mais il restait dans l'air comme un spectre qu'IL semblait avoir retrouvé. Elle regrettait  d'avoir obéi à cet homme qui ne lui avait apporté de désillusions. Mais sa rencontre avec Celui sur lequel elle avait fantasmé pendant des mois , Celui dont elle avait fantasmé les mots, les gestes, atténuait quelque peu l'aigreur qui remontait en elle. Perle n'en finissait pas de n'être que contradictions.

Pouvait elle parler ? Avait elle le droit de s'exprimer sans craindre un rejet ou une réprimande ?

"Qu'as tu à dire ? "

Il exigeait une réponse et cette exigence résonnait dans l'air en une tension palpable.

"Réponds" ordonna-t-il.

"Que voulez vous que je vous dise Monsieur, oui je vois mais je n'ai pas envie de parler de cette personne".

"Très bien".

Elle s'attendait à ce qu'il renouvelle sa demande, qu'il resserre son emprise sur elle, mais il n'en fit rien. Il détourna les yeux comme s'il abandonnait l'idée d'obtenir les réponses qu'il voulait. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il n'insiste pas et l'inquiétude la gagna.

Qu'allait il encore mijoter.

"Suis moi"

Devait elle se relever ou le suivre à quatre pattes, il ne lui avait rien dit. Elle décida donc de rester dans la position qu'il lui avait fait adopter quelques heures plus tôt et il la dirigea sur la salle de bain. Il ouvrit la porte quand il se rappela qu'elle devait certainement avoir faim.

"Prends ta douche pendant que je vais préparer ta gamelle"

Elle n'avait pas mangée depuis un moment et son corps la ramena brusquement à la réalité. Une fois invitée, la faim s'installa sournoisement, dévorante, et elle se surprit à imaginer des frites dans une sauce accompagnée de viande à l'odeur alléchante mais elle pouvait toujours rêver, il était loin ce temps. Elle laissa l'eau couler un moment sur elle en évitant de se mouiller les cheveux et souriant à ce qu'elle venait de penser elle se laissa aller à uriner sous la douche. Elle n'aurait pas besoin de lui demander la permission pour un petit moment. Elle attrapa une serviette se sécha et sortit de la pièce. Ses gamelles l'attendaient vers sa cage et un fumet alléchant flottait dans l'air.

Que lui avait il cuisiné ?