Chapitre 5.1

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Oliver

Assis à la table de la salle à manger du baron d'Ernel, je reste incapable d'avaler quoi que ce soit, les paroles de Lyrie tournant sans fin dans ma tête. « Le roi ne peut pas choisir d'ignorer la souffrance de son peuple. Il ne sait rien de tout le sang qui a été versé pour lui. Par ceux qui ont gardé espoir et qui ont continué de se battre. Si ce sang ne signifie rien pour lui, alors il ne mérite pas de vivre. Ni de porter la Marque des dieux. » « Je lui planterai une lame en plein cœur. » « Mon peuple tout entier s'est sacrifié pour me permettre cette traversée. »

— ... n'est-ce pas, Oliver ?

La voix du baron m'extirpe de l'abysse de mes pensées.

— Oui, bien sûr, je réponds. Il est toujours plus prudent de faire purifier par un prêtre un lieu qui a été contaminé par un monstre.

— C'est bien ce que je pensais ! s'exclame le baron, un homme rond d'une cinquantaine d'années, fort sympathique. Je vais faire envoyer le Père Panals au vieux moulin dès demain. Nous allons pouvoir reprendre une vie normale, grâce à vous.

Le baron est un fidèle allié de Geoffrey, le roi de Cindra. C'est un combattant hors pair, selon la rumeur. Il est bourru, mais franc et bienveillant. Sa femme, Celinda, est encore jolie pour son âge, et discrète. Elle ne parle que très peu, mais s'inquiète toujours de savoir si nous ne manquons de rien.

— Nous n'avons fait que notre travail.

— Vous êtes trop modeste, chasseur ! Heureusement qu'il y a encore des hommes comme vous qui n'ont pas froid aux yeux pour nous débarrasser de ces créatures ! Je sais que Sa Majesté a prévu de vous offrir une récompense, mais laissez-moi vous donner quelque chose également.

Il frappe dans ses mains, et aussitôt, trois belles jeunes femmes vêtues plus que légèrement font leur apparition dans la salle à manger. Elles gloussent avant de se dandiner jusqu'à notre table.

— Approchez, mes mignonnes ! les invite le baron.

Elles portent chacune une robe blanche composée de voiles, transparente et révélant les parties de leur anatomie les plus aguichantes. La baronne, qui siège à notre table, lève les yeux au ciel avant de se lever et de demander poliment si elle peut se retirer. Son époux accepte, avant de se resservir un verre de vin.

— Bonsoir, demoiselles, les salue Daevon avant de reculer sa chaise et de tapoter ses cuisses pour les inviter à y prendre place.

— C'est une récompense bien généreuse, baron, le remercie Brenan au moment où une des femmes, une petite rousse à la poitrine plantureuse, vient s'asseoir à califourchon sur ses jambes.

La première, une grande blonde plutôt mignonne aux fesses bien galbées, a pris place sur les genoux de Daevon et insère un grain de raisin dans sa bouche de façon très suggestive. La dernière se dirige vers moi et caresse mes cheveux avant de s'asseoir à son tour sur mes genoux. Ses cheveux châtains, bouclés, tombent paresseuse­ment sur ses hanches larges. Elle plaque immédiatement son bassin contre le mien, pressant ses seins contre mon torse.

— Salut, beau chasseur... Moi, c'est Nouchka. Ce soir, c'est moi ta proie, murmure-t‑elle à mon oreille avant de lécher sensuellement mon cou, déclenchant un frisson dans mon corps.

— Bien ! s'exclame le baron, je vous souhaite une bonne fin de soirée et une excellente nuit, messieurs ! Je vais rejoindre ma femme avant qu'elle ne décide de fermer sa porte à clé !

Sur ce, il nous abandonne dans la salle à manger, où les jumeaux ont déjà installé leur partenaire sur la table, virant par terre tout ce qui pouvait s'avérer gênant. Brenan est en train de dévorer la poitrine de la rouquine, tandis que Daevon a déjà sa tête entre les cuisses de la blonde. Nous n'avons jamais été pudiques entre nous. Nous avons déjà fait l'amour avec des femmes ensemble. Et j'ai toujours trouvé excitant ce partage sans demi-mesure, ce lien qui nous unit jusque dans les plaisirs de la chair.

Nouchka délace mon pantalon avant de se mettre à genoux entre mes cuisses. Je gémis lorsque je sens sa bouche se refermer autour de mon sexe et ferme les yeux, relâchant enfin la pression de ces dernières heures. C'est pile ce qu'il me fallait, ce dont j'avais besoin pour exulter. Je la laisse faire monter l'excitation. J'entends les gémissements de mes frères et de leurs compagnes qui se mélangent aux miens, enivrants. Puis je relève le visage de la femme, avant de l'inviter à se mettre debout dos à moi. J'appuie légèrement sur ses épaules pour l'inciter à se pencher, tandis que je remonte sa robe jusqu'à la cambrure de ses reins, sa croupe totalement offerte. Puis je la pénètre d'un coup sec, mon bassin venant s'écraser contre ses fesses. Elle pousse un cri qui m'encourage à poursuivre. Je n'ai pas envie d'être doux ou tendre. Je me sers juste d'elle pour vider ma rage et mon sentiment d'impuissance. Face à tout ce qui est en train de se mettre en route.

« Le roi ne peut pas choisir d'ignorer la souffrance de son peuple. Il ne sait rien de tout le sang qui a été versé pour lui. Par ceux qui ont gardé espoir et qui ont continué de se battre. Si ce sang ne signifie rien pour lui, alors il ne mérite pas de vivre. Ni de porter la Marque des dieux. »

Je crispe les mâchoires, et accélère la cadence et la force de mes mouvements, obligeant la femme à se cramponner sur le rebord de la table.

« Je lui planterai une lame en plein cœur. » « Comment pourrait-il en être autrement ? Après ce qui est arrivé à sa famille, à son peuple ! Evalon souffre et a besoin de lui ! Comment pourrait-il choisir de l'ignorer ? »

J'explose enfin, me libérant de toutes les tensions. Les paroles de Lyrie s'évanouissent. Nouchka titube avant de s'asseoir sur une des chaises, les joues rosies, un sourire béat figé sur ses lèvres. Quant à moi, je remonte mon pantalon et éprouve soudain le besoin de me retrouver seul. Je marche lentement vers la sortie.

— Eh, Olie, tu veux pas nous rejoindre ? m'invite Daevon.

— Pas ce soir, je lâche avant d'ouvrir la porte et de m'en aller. 

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant