Chapitre 22.2

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Oliver

J'ignore comment et par où commencer. Il me faut en discuter avec Geoffrey. Et, bien sûr, avec Lyrie. Elle seule pourra me guider et m'aider à Evalon. Mais comment lui dire ?

Dis-lui simplement la vérité. Telle qu'elle est. Et rends-lui ses souvenirs. Ce soir. Tu dois lui parler ce soir.

Mon cœur s'emballe à l'instant où je franchis le portillon de notre jardin. Je reste figé sur le pas de la porte quelques minutes, le temps de trouver la force d'affronter ce qui va suivre. Puis j'entre. J'entends des rires et des voix émanant du salon. Je m'y dirige lentement pour y découvrir les jumeaux vêtus élégamment, ainsi que Lyrie, portant une nouvelle robe, raffinée. De couleur ivoire, resserrée à la taille par une ceinture de rubans turquoise, elle est évasée sur le bas et met en valeur ses hanches et ses cuisses. Les manches sont couvertes de dentelle, les bretelles fines. Un décolleté léger et une large ouverture dans le dos. Ses longs cheveux ondulés sont lâchés, cascadant sur ses épaules, jusqu'à ses reins.

Par les dieux, elle est belle à couper le souffle.

— Olie ! s'exclame Brenan. T'étais où, on t'a cherché toute la journée.

— À la bibliothèque, je réponds. J'avais des recherches à faire.

— Encore ? Tu travailles trop, soupire Daevon.

— Vous allez quelque part ? je demande en détaillant leurs tenues.

— Lyrie nous a obtenu des entrées gratuites au Don qui Brille, m'explique Brenan.

— Le cabaret ?

— Oui, acquiesce-t‑il.

OK... Comment la walkyrie a-t‑elle...

— Lyrie a sympathisé avec Nisha, l'herboriste, poursuit Daevon. Et il paraît qu'elle souhaite nous rencontrer, c'est elle qui nous a invités à la soirée. Un spectacle avec des seins nus en compagnie d'une hôtesse charmante... ça ne se refuse pas, n'est-ce pas ?

Je fronce les sourcils. Cela compromet mes plans pour ce soir. Je voulais vraiment parler à Lyrie.

— Ne fais pas la tête, Olie, me lance Brenan. Tu es invité également, si tu le souhaites !

Je relève la tête vers eux. Lyrie est restée silencieuse et s'emploie à ne pas me regarder. Elle doit être mal à l'aise par rapport à hier soir. Il est temps que je mette fin à la supercherie pour qu'elle ne soit pas blessée davantage, et que je ne continue pas à m'éloigner d'elle.

— Merci, mais ce sera sans moi. Passez une bonne soirée.

Je tourne les talons et monte les escaliers qui conduisent à ma chambre. Je pose mes affaires sur le lit, avant de me diriger vers l'armoire. J'ai envie de mettre une tenue plus confortable. Si tout le monde sort ce soir, je pourrai rester torse nu.

Quelqu'un frappe à la porte au moment où j'attrape un pantalon en toile légère. La porte s'ouvre. Daevon pénètre dans la pièce.

— Je ne t'ai pas dit d'entrer, je le réprimande.

— Comme si j'avais besoin de ton consentement ! réplique-t‑il en haussant les épaules avant de se laisser tomber sur mon lit.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Tu as l'air de charmante humeur, siffle-t‑il.

— Daevon, je suis fatigué, j'ai pas envie de jouer. Va droit au but.

— Pourquoi tu ne viens pas avec nous ?

— Au cabaret ?

Je soupire.

— Je n'en ai pas envie.

— Tu n'en as pas envie ? Tu as bien entendu ce que j'ai dit tout à l'heure ? À propos des seins nus ?

— Oui, Daevon. Écoute, j'ai pas la tête à ça, OK ?

— Est-ce que tu as regardé Lyrie, au moins ? Parce que Nisha s'est employée à lui trouver une jolie tenue pour ce soir et Rina a mis toute son énergie à la coiffer et à la maquiller.

— Bien sûr que je l'ai vue.

— D'accord... C'est quoi, le dilemme ?

Je tourne la chaise de mon bureau vers le lit et y prends place avant de répondre :

— Hier soir, j'ai parlé avec ton père. Maintenant, je sais. Pour ma famille. Pour tout.

— Oh...

Il perd son air jovial et redevient sérieux.

— Je ne peux plus faire semblant, je poursuis. Je dois dire la vérité à Lyrie. Je ne peux plus la côtoyer et continuer à lui mentir.

— Je comprends. Mais elle a fait beaucoup d'efforts pour cette soirée. Et elle s'est fait une amie. C'est bon pour elle. Laisse-la rêver encore une nuit. Et demain, tu lui diras tout.

— C'est bien pour ça que je ne viens pas avec vous.

— Ça te changerait les idées, pourtant, Olie. Et puis, toi aussi, tu peux rêver pendant une dernière soirée. Non ?

Bien sûr que j'en ai envie. Mais je ne sais pas si je peux.

— J'en sais trop rien, Daevon.

— Qu'est-ce que tu risques, à part passer une bonne soirée ?

Il a raison. Une dernière soirée. Après, rien ne sera plus pareil. Je capitule :

— OK.

— Parfait. Habille-toi bien. Et, au fait, nous avons reçu la convocation au palais. Demain, dix heures.

Cette révélation me fait l'effet d'un coup de poing. Les choses se mettent en place. Demain, je rencontrerai le roi. Et je dirai la vérité à Lyrie.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant