Chapitre 8.2

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Lyrie

Ce n'est qu'au bout de plusieurs heures, lorsque les toits des maisons d'une ville apparaissent en contrebas, qu'ils ralentissent enfin, avant de s'arrêter.

Ils s'abaissent pour nous permettre de descendre. Mes jambes sont fatiguées par la chevauchée. Il me faut bien quelques minutes pour en retrouver le contrôle. Oliver aussi récupère avant de s'avancer vers moi.

— Tu vas bien ? s'assure-t‑il.

— Oui. Tes blessures semblent légères, je constate en observant son visage.

— Oui, j'ai eu de la chance.

— Tu es certain de ne pas avoir été mordu ?

— Oui. Que se passerait-il si ça avait été le cas ? me demande-t‑il.

— Tu aurais subi une violente fièvre pendant plusieurs jours. Puis des douleurs atroces. Des pustules. Qui s'avèrent souvent mortelles. Les humains appellent ça « la peste ».

— Charmant...

Je tourne la tête tandis que les jumeaux sont en train de reprendre leur forme humaine. La fourrure disparaît peu à peu pour reprendre un aspect de peau. Le corps rétrécit jusqu'à retrouver taille humaine. J'observe le phénomène avec fascination. Et rougis lorsque je me rends compte qu'ils sont nus. Je me détourne alors en les entendant se lever pour ne pas me retrouver face à leur... bref. J'entends déjà le rire taquin de Daevon dans mon dos.

— Tu rates le meilleur du spectacle, Lyrie ! me lance-t‑il.

— Je n'en doute pas une seconde, mais je préfère m'abstenir, je réplique, confuse.

— Ce serait pourtant l'occasion de parfaire tes connaissances. Avec de magnifiques spécimens !

— Une autre fois...

Même si j'avoue qu'en réalité, je serais tentée de regarder. Daevon et Brenan ont cette force primale masculine propre aux guerriers métamorphes qui ne me laisse pas indifférente non plus. Ils sont très beaux, eux aussi. Même si la beauté d'Oliver est différente de la leur. Plus subtile, plus... royale.

Je ne sais pourquoi cette pensée déclenche un malaise en moi. Une impression de toucher du doigt quelque chose. Je me tourne alors vers les chasseurs. Les jumeaux sont toujours nus, ce qui me fait rougir de plus belle et m'oblige à river mes yeux au sol.

— Vous comptez rester... comme ça ? je leur demande.

— Eh bien, à moins que tu aies des vêtements à nous fournir... réplique Daevon.

— Nos vêtements sont partis avec les chevaux, soupire Brenan. Et tu te doutes que ceux que nous portions se sont déchirés lorsque nous avons muté.

— OK... je m'exaspère. Donc, vous allez vraiment continuer le voyage... nus.

— On dirait bien que oui, confirme Daevon d'un air malicieux.

— Ne t'en fais pas, Lyrie, on a l'habitude de ce genre de désagrément, explique Brenan. Nous sommes arrivés aux abords de la cité d'Elsie. Oliver va aller nous acheter de nouvelles tenues. Pas vrai, Olie ?

— Comme si j'avais le choix, bougonne ce dernier en levant les yeux au ciel. Allez, on y va ! On va vous trouver de quoi vous habiller, puis on prendra une chambre à l'auberge. On a tous besoin d'un bon repas et d'une bière !

— Et je crois que Lyrie nous doit quelques explications, ajoute Brenan.

J'acquiesce. Les drauhr sont une des raisons qui ont poussé mon peuple à se rebeller contre l'Usurpateur. Et un des sujets que je comptais aborder avec le roi de Cindra, Geoffrey, et avec mon eriah. Si je le trouve. Je vais devoir expliquer certaines choses aux chasseurs, sans toutefois leur révéler des informations confidentielles que je ne suis censée livrer qu'aux dirigeants de ce royaume. Mais c'est pour le moins inquiétant. Les drauhr ne sont pas censés pouvoir traverser l'Arragast. Pourtant, nul doute sur les créatures que nous avons affrontées cette nuit. S'ils ont réussi à passer, alors peut-être que d'autres l'ont fait également.

Cette pensée me glace le sang. Si des einheri les ont suivis, ou pire encore, envoyés... Il se pourrait bien que je ne sois pas en sécurité. Je détiens des informations importantes qu'ils voudront m'empêcher de délivrer. Et ils pourraient vouloir trouver l'héritier d'Ellentour, s'ils apprenaient qu'il est vivant.

— Lyrie ? m'appelle doucement Oliver. Tu es toute blanche. Est-ce que ça va ?

Je reprends contenance. Je ne dois pas leur montrer que j'ai peur.

— Oui, ça va, je mens. On peut y aller.

— OK. On va marcher devant.

— Vraiment ? s'indigne Daevon.

— Je n'ai pas envie d'avoir vue sur ton postérieur, réplique Oliver. Et je pense que Lyrie non plus.

— Tu n'as pas idée du nombre de personnes qui tueraient pour voir ce postérieur.

— Eh bien, navré de t'apprendre que je n'en fais pas partie, Daevon. Allez, viens, Lyrie, avançons.

Je ne me fais pas prier, soulagée de pouvoir enfin regarder à nouveau droit devant moi. J'entends Daevon rire dans mon dos et son frère le réprimander. Une douce musique que je me plais à écouter.

C'est ainsi que nous marchons une bonne heure avant d'arriver devant un pont-levis surplombant un cours d'eau à l'eau limpide. Le soleil se lève tout juste, mais des gardes sont déjà postés devant une lourde grille en fer, de l'autre côté du pont. Daevon et Brenan nous ont quittés quelques minutes plus tôt, pour se dissimuler dans un petit bois jouxtant l'entrée de la ville.

Aussi, Oliver et moi traversons le pont.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant