Chapitre 28.1

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Oliver

Nous sommes partis de Priah depuis plus d'une heure et faisons route vers le village de , où les drauhr ont été aperçus pour la dernière fois par les éclaireurs. Brenan chevauche à mes côtés, tandis que Daevon voyage sous sa forme animale. Une dizaine de soldats nous accompagnent. Trois d'entre eux et moi-même sommes équipés d'armes en titanium. J'ai évidemment emporté Erendir.

En chemin, je tente de me concentrer sur notre objectif, mais le souvenir de ce qui s'est passé au bal ne cesse de me hanter. Ce baiser, c'était... l'expérience la plus incroyable de toute ma vie. Depuis que j'ai rencontré Lyrie, je ne cesse d'être surpris par l'intensité des moments que nous partageons. J'ai fréquenté plusieurs femmes, couché avec nombre d'entre elles... sans jamais ressentir la moindre chose. Pour moi, le sexe a toujours été un exutoire physique, rien de plus. Mais avec elle, tout est différent.

Chaque regard, chaque caresse, chaque mot... Tout est puissant. À tel point que c'en est terrifiant. Quand je l'ai embrassée, j'ai eu l'impression que tout l'univers disparaissait. Je ne me suis jamais senti uni à une femme de cette façon. Si nous avions été seuls et qu'elle n'était pas une walkyrie, bon sang, je lui aurais fait l'amour ! Véritablement. J'aurais goûté chaque parcelle de sa peau comme si ma vie en dépendait.

Je pensais sincèrement ce que je lui ai dit : je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la garder auprès de moi. Pour que nous puissions être ensemble, malgré ce que nous sommes. Parce que pour moi, après ce baiser, il n'y a plus de retour en arrière possible. C'est elle que je veux. Et je l'aurai. Même si je dois défier les dieux en personne.

Je suis parti de Priah en tant qu'Oliver Garner. Et je sais au fond de moi que j'y reviendrai en qualité d'Oliver d'Ellentour. D'une façon ou d'une autre, tout va changer. Maintenant.

Il reste encore trois heures avant que le soleil se lève. C'est peu mais suffisant pour intercepter l'armée ennemie. Nous en profitons pour faire évacuer les villageois des deux villages par lesquels nous passons, leur intimant d'aller se réfugier derrière les murailles de la capitale. Pendant ces arrêts, nous faisons boire nos montures rapidement, tout en poussant les villageois à partir. Tandis que j'aide une mère à rassembler quelques vivres pour ses enfants, Brenan vient à ma rencontre.

— Il faut y aller, Olie, me presse-t‑il.

— D'accord. J'aide cette femme à porter ses affaires jusqu'à sa charrette et j'arrive.

Je porte les paquetages, accompagné des enfants et de leur mère, les hisse dans la charrette et donne les rênes à la femme, qui prend place sur une banquette.

— Merci, chasseur, me lance-t‑elle avant de me serrer la main en signe de reconnaissance.

— Dépêchez-vous, et prenez soin de vous, je réponds, avant de donner une claque sur la croupe du cheval de trait pour le faire avancer.

Je rejoins Brenan et les soldats, et me hisse sur mon cheval.

— Prêt ? me demande mon ami.

— Prêt.

Nos montures s'élancent à nouveau dans la nuit. Si je ne me trompe pas, nous nous trouvons à vingt minutes du village suivant. Les chevaux galopent à travers les plaines. Mais à mesure que nous approchons, une odeur putride parvient à mes narines. Je lève la main pour inciter le groupe à ralentir. Je remarque qu'une brume verdâtre flotte au-dessus du sol.

Brenan me lance un regard entendu, tandis que Daevon grogne, annonçant un danger. Je dégaine Erendir, imité par les soldats.

— Restez sur vos gardes ! j'ordonne. Et n'oubliez pas, que vous ayez des armes en titanium ou non, il faut leur arracher la tête !

Les soldats acquiescent, aux aguets. Nous restons immobiles, pourtant, la brume s'intensifie autour de nous. L'odeur devient plus forte, nous obligeant à nous couvrir le nez.

Soudain, un cri retentit derrière nous. Je fais volte-face et découvre deux de nos montures sans cavalier.

— Merde ! je m'écrie. Ils sont là, faites attention !

J'ai tout juste le temps de voir des bras décharnés s'emparer des chevaux, les faisant disparaître dans la brume en quelques secondes à peine. La panique gagne les guerriers.

— Par les dieux, qu'Isgard nous protège ! prient-ils.

Daevon grogne à nouveau et fléchit ses pattes arrière, prêt à bondir sur quelque chose que nous ne voyons pas.

— Attention, sur la gauche ! s'écrie Brenan, dont les sens sont plus affûtés.

Deux drauhr surgissent alors du brouillard et s'élancent vers nous en jetant un cri strident. Les chevaux paniquent et se cabrent, nous propulsant au sol. Je m'écrase lourdement dans l'herbe qui amortit légèrement ma chute, avant de bondir sur mes pieds malgré la douleur dans mon dos. Daevon s'est immédiatement placé à côté de moi pour me protéger.

Un mort-vivant se jette sur moi, il est aussitôt déchiqueté par la panthère blanche. Un autre arrive par le côté, je lui assène un coup de poing à la figure pour le déséquilibrer et lui tranche la tête avec mon épée. Son corps se désintègre alors, ne laissant derrière lui qu'un amas de cendres verdâtres.

D'autres monstres nous attaquent, des cris fusent de toute part. En seulement quelques minutes, il ne reste debout que les jumeaux, deux des soldats qui possèdent une arme en titanium et moi.

— Il faut partir, me lance Brenan

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— Il faut partir, me lance Brenan. C'est trop dangereux. On ne sait pas combien ils sont.

— Pas avant d'avoir trouvé leur chef, je réplique.

— Bon sang, Olie ! Tête de mufle !

— Sérieusement ? Tu viens de me traiter de mufle ? je fais semblant de m'offusquer.

Daevon grogne à nouveau. Nous nous tenons prêts à essuyer un nouvel assaut. Mais rien ne vient. Je remarque soudain qu'un silence absolu s'est installé. Je sens ma peau vibrer, là où se trouve la Marque des dieux : quelque chose de puissant approche.

— Olie... murmure Brenan en se postant instinctivement devant moi.

Daevon se rapproche également, au moment où une forme émerge du brouillard. Une forme humaine. Du moins, en apparence. Une silhouette d'homme entièrement dissimulée sous une épaisse cape noire apparaît nettement devant nous. Un large capuchon recouvre la partie haute de son visage, ne laissant visible que sa bouche. Il porte un pantalon noir en cuir et d'épaisses bottes, deux épées pendent à sa ceinture. Ses doigts sont ornementés de bagues, une aura noire se dégage de son corps, malfaisante.

Je n'ai jamais vu de démon de ma vie, mais ilest évident que cet homme, ou quoi qu'il soit, en est un. 

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant