Chapitre 10.1

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Lyrie

Brenan m'a laissée prendre mon bain la première. J'avoue être soulagée que ce ne soit pas Oliver qui partage cette chambre avec moi. La tension que j'ai ressentie entre nous quand nous étions à la bibliothèque m'a retournée. J'ai aimé passer du temps avec lui. Et, pour une raison inconnue, j'ai eu envie d'en savoir plus sur lui. Découvrir qu'au-delà du chasseur existait un homme cultivé et sensible à l'art m'a, je l'avoue, séduite.

Quand il m'a lu ces mots... C'était magnifique. Je n'avais jamais entendu de poème auparavant. Et il avait cette façon de me regarder, encore... Comme si j'étais la chose la plus désirable qu'il ait jamais vue. J'ai même pensé qu'il allait... poser ses lèvres sur les miennes. Ou du moins, qu'il en avait très envie. Le pire de tout, c'est que j'en ai eu le désir. Une fraction de seconde.

Je ne parviens pas à m'expliquer cette brutale attraction qu'il exerce sur moi. J'ai parfois souhaité aussi qu'Elrys m'embrasse. Mais c'était différent. Cela n'a jamais été aussi fort, aussi irrésistible. Même encore à présent, j'ai chaud, et mon cœur s'emballe rien qu'en repensant à ces quelques secondes. Je sens dans mon corps des tensions que je ne comprends pas. Une sensation étrange s'est installée dans mon bas-ventre. Je n'ai aucune idée de ce que cela signifie, de ce que je dois faire. Je n'ai jamais accordé d'importance à... ça.

Je secoue la tête et sors brusquement de la baignoire. Je dois penser à autre chose. Parce que ces pensées ne conduiraient à rien de bon. Je ne dois pas oublier qui je suis. Et ce que je suis.

J'enfile une tenue propre et retourne dans la chambre. Brenan s'est allongé sur le lit du fond et se redresse légèrement sur son flanc. Il me dévisage tandis que je m'assois sur mon lit, en face du sien.

— Tout va bien ? me demande-t‑il.

— Oui, je réponds, nerveuse.

— Je peux te parler franchement ?

— Bien sûr.

— Tu n'as pas à te sentir gênée de dormir avec moi. Je te jure que je n'essaierai pas...

— Je sais, Brenan.

— OK. Parce que tu n'as pas l'air très à l'aise... Comment ça s'est passé avec Oliver, tout à l'heure ?

— B... bien. On est allés à la bibliothèque.

— Il t'a emmenée... à la bibliothèque ? répète-t‑il, franchement surpris.

— Oui.

— Pourquoi ?


— Et donc, il t'a montré les livres... C'est son truc, ça, lire... Il a toujours aimé ça.

— J'ai cru comprendre.

— Mais il ne le montre jamais à personne. Enfin... Je peux à nouveau être honnête avec toi ?

— Oui.

— Je vais pas tourner autour du pot. Oliver a cette... chose en lui. Ce charisme et cette force qui envoûtent. Il est naturel que tu sois attirée par lui.

— Je ne suis pas...

Il lève la main pour me faire taire. Comme une petite fille, j'obéis, ce qui me surprend.

— Je ne te reproche rien, reprend-il. Et comme je te l'ai dit, il est quelqu'un de très attirant. Et ce qu'il peut déclencher chez toi... est très humain. Tout est nouveau pour toi dans ce monde. Nous y compris. Tu sors de plusieurs mois d'emprisonnement. Tu as vécu des choses que je n'ose même pas imaginer. Te retrouver ici, avec nous, en sécurité, est la meilleure chose qui pouvait t'arriver. Mais si j'ai un conseil à te donner, c'est de ne pas te détourner de ton but. Tu es venue ici pour trouver quelqu'un. Et pour sauver ton peuple de je ne sais quel péril. Ton peuple qui est aussi le mien, même si je ne vis plus à Evalon depuis longtemps.

— Je ne l'oublie pas.

— Je sais. Lyrie... tu es une walkyrie. Une vierge guerrière créée par le dieu Noktys. Et dans cette superbe phrase, j'insiste sur la présence du mot « vierge ».

— Tu n'as pas besoin de me le rappeler. Et, bon sang, cette conversation devient très gênante.

Brenan me sourit avant de reprendre :

— Ce que j'essaie de te dire, c'est qu'après tout ce qui t'est arrivé, il est normal que tu aies besoin de vivre autre chose pour pouvoir aller de l'avant et poursuivre ta mission. Mais cette autre chose ne peut pas être Oliver. Pour tout un tas de raisons.

— Je sais, Brenan. Et je n'envisage rien en ce sens.

Même s'il me fait ressentir des choses nouvelles.

— Allez, dormons un peu, me propose-t‑il. On en a tous besoin après l'attaque de cette nuit.

— Tu as raison.

— À plus tard, Lyrie.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant