Chapitre 6.2

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Lyrie

Je ne me fais pas prier pour ôter ma chemise de nuit. Je défais mes bandages et observe mon corps dans le miroir posé à côté. Toutes les plaies sont refermées, mais je suis couverte de bleus et d'hématomes. Les traces de morsure sont encore visibles et laisseront certainement des traces sur ma peau.

Je n'ai pas eu l'occasion d'observer mon reflet depuis des mois. Je me trouve maigre. Et plus blanche. J'ai de gros cernes sous les yeux, et par Noktys, mes cheveux ! Cette couleur... J'ai du mal à me reconnaître. J'ai toujours aimé ma chevelure. Dorée comme les blés, comme me le répétait souvent Elrys quand il passait sa main dedans.

Mon corps se tend à cette pensée sous l'effet d'une rage sans nom. Elrys était... mon ami. Celui avec qui j'ai grandi. Un einheri. Il était comme un frère. Et peut-être que j'avais nourri un semblant de sentiment amoureux pour lui. Pour son beau visage et sa longue chevelure brune qu'il attachait souvent en queue-de-cheval. Il avait un visage de guerrier. Dur et implacable. Et un sourire magnifique, qu'il n'offrait qu'à moi.

Et pourtant... lorsque le roi Herald a annoncé par décret que les walkyries devaient être exterminées, il a été un des premiers à nous pourchasser. Il m'a lui-même capturée. Enfermée dans cette tour... Je ne l'ai jamais revu depuis le jour où il m'a emprisonnée. Jusqu'à la nuit dernière, où je me suis évadée.

Je me détourne de mon reflet et pénètre dans l'eau, savourant le contact de l'eau chaude sur ma peau. Je m'allonge et m'immerge totalement, ne laissant dépasser que mon visage. Mes muscles se détendent, je ferme les yeux. Je n'entends plus que les battements de mon cœur.

Avant de percevoir à nouveau les cris. Les pleurs. De voir le sang. L'agonie.

J'ouvre brutalement les yeux et m'assois, tentant de calmer mon souffle. J'enroule mes bras autour de mes genoux que je ramène contre ma poitrine. Je revois le visage souriant de mes sœurs, je sens encore la main d'Oalah caressant mes cheveux dans un geste bienveillant. J'entends le rire de Nira, mon amie...

Je ne peux m'empêcher de pleurer à nouveau. Je ne les reverrai plus jamais. Et savoir que le Bahlaran leur est interdit... me rend malade. Leurs âmes doivent être en souffrance quelque part, perdues dans le royaume d'Ombra.

Je ne sais pas encore comment, mais je trouverai un moyen de les sortir de là. D'abord, je dois retrouver notre eriah. L'aider à reprendre sa place pour chasser l'Usurpateur et ses démons. Restaurer la paix à Evalon. Puis j'irai me présenter devant Noktys. Et je négocierai avec lui pour l'âme de mes sœurs. Je suis prête à tout donner de moi s'il le faut. À me condamner à la souffrance éternelle pour qu'elles soient sauvées.

Cette résolution m'aide à me calmer. Je dois à tout prix me reprendre : une walkyrie ne pleure pas. Noktys m'a choisie pour être la nouvelle reine. Je dois me montrer forte.

J'inspire plusieurs fois et, lorsque je m'en sens le courage, je me lève et sors du bain. J'attrape la serviette pour me sécher, et me dirige vers le lit pour m'habiller. J'enfile les sous-vêtements et la tunique, puis le pantalon. Je trouve étrange de sentir le cuir se plaquer sur ma peau. Mais le tissu est agréable. Je lève la jambe, appréciant le fait qu'il s'adapte à mon mouvement. Je rentre la tunique dans le pantalon avant d'enfiler et de nouer le corset jusque sous ma poitrine. Mes seins sont galbés par le vêtement, le décolleté laissant voir leur arrondi. J'enfile les bottes, confortables. Je coiffe mes cheveux, élaborant une tresse épaisse que je noue dans mon dos à l'aide des rubans posés sur la table, près de la brosse.

Je retourne derrière le paravent pour étudier mon reflet dans le miroir. C'est une tenue inhabituelle pour moi, mais j'avoue qu'elle me va bien. L'eau chaude a redonné des couleurs à ma peau. Mon visage paraît plus serein.

Elena frappe à nouveau à la porte, attendant que je l'invite à entrer, cette fois. Elle m'observe avant de poser ses mains sur ses hanches, visiblement satisfaite.

— Vous êtes ravissante, s'exclame-t‑elle.

Je rougis au compliment.

— Je n'ose même pas imaginer à quoi vous ressembleriez en robe. Vous avez vraiment un corps magnifique. Je suis jalouse !

Elle rit de bon cœur. J'esquisse un léger sourire, encore incapable de rire pour l'instant.

— Vous devez avoir faim ! Venez, je vous conduis à la salle à manger. Les chasseurs vous y attendent.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant