Chapitre 20.1

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Oliver

J'entends quelqu'un se précipiter vers moi.

— Oliver !

Je reconnais la voix de Fergus, qui me paraît lointaine. Je sens qu'il me soulève par les épaules. Il me tapote la joue pour m'aider à reprendre connaissance.

— Eh, mon garçon ! Tu m'entends ?

— Oui.

Je reviens à moi et parviens à m'asseoir.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? me demande-t‑il, inquiet.

J'hésite à lui parler de la Triade. Et du fait que je suis terrifié.

— Oliver ?

Je me mets debout lentement, encore faible sur mes jambes.

— Je crois que j'ai besoin d'un verre, je réponds.

Il acquiesce et part vers la maison. Je le suis jusqu'à son bureau où je m'avachis sur un de ses fauteuils. Il sort une bouteille de cognac et nous sert deux verres. Puis il s'assoit en face de moi avant de tremper ses lèvres dans le liquide ambré. Je l'imite, laissant la brûlure de l'alcool m'anesthésier.

— Y a-t‑il un rapport avec ta lèvre éclatée et le bleu sur ton visage ? me questionne-t‑il.

— Non, ça, c'est encore autre chose. Dont je n'ai vraiment pas envie de parler.

— Bien.

Il demeure silencieux, attendant que je me décide à me livrer enfin.

— Fergus... je veux savoir. En fait, non : j'en ai besoin. Je sais que j'ai toujours repoussé cette conversation, mais... je pense qu'il est temps.

— Je me suis préparé chaque jour à cet instant, confesse-t‑il. Tu sais, Oliver, une fois que je t'aurai tout raconté, il n'y aura plus de retour en arrière.

— Je sais. Mais je n'ai plus le choix. Il y a certains signes que je ne peux plus ignorer. La Triade m'a à nouveau contacté. Les dieux en ont après moi, je ne peux plus faire semblant. Autrement, je crains que les conséquences soient terribles.

Fergus allume un gros cigare, embaumant la pièce de son odeur si caractéristique. Il fixe le feu qui crépite dans la cheminée et s'y perd quelques instants. Comme s'il laissait les souvenirs affluer peu à peu, attendant d'être prêt à me les livrer.

— Bien, Oliver. Voici l'histoire de ta famille. Et de sa tragédie. Je te la raconterai avec le plus d'impartialité possible et telle que je l'ai vécue.

— D'accord.

Mon cœur s'emballe. J'avale une autre gorgée de cognac, avant de me concentrer sur les paroles du métamorphe.

— Tes grands-parents ont eu deux garçons : Harmand, ton père, et son frère, Herald. Herald était l'aîné, prédisposé à monter sur le trône. Mais très vite, Holler, ton grand-père, a affiché une nette préférence pour ton père qui se révélait plus fort, plus brillant. Et surtout, attentif à son peuple. Herald était un enfant geignard et capricieux, sans talent pour la magie. Il faisait la déception de ton grand-père. L'enfant en a souffert, et a voué à son frère une jalousie maladive, qui s'est transformée en haine au fil des ans. Puis est arrivé ce qui devait arriver. Lorsque ton père a atteint sa majorité, Holler a annoncé qu'il le proclamait héritier légitime du trône d'Evalon, évinçant Herald et l'humiliant publique­ment. Herald était tout de même un excellent guerrier et un très bon stratège. Aussi a-t‑il été nommé chef des armées et envoyé au palais de Bruhne, fief de l'armée. Mais tu devines que cette compensation ne suffisait pas à calmer sa rage. Il s'est senti trahi. Exilé. Nous n'avons plus entendu parler de lui durant des décennies...

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant