Chapitre 12.2

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Oliver

— Hum, ça sent bon par ici ! s'exclame Brenan en saisissant une part de brioche.

— Je pourrais dévorer un bœuf entier ! affirme Daevon en se gavant d'œufs brouillés. J'ai besoin de refaire le plein, après m'être autant vidé les c...

— Daevon ! l'interrompt son frère. On n'est pas entre mecs, je te rappelle !

— Ah ! Désolé, Lyrie ! s'excuse-t‑il.

Je soupire. Il est incorrigible.

— Pas de problème, répond-elle toutefois.

— Tu t'es pas trop ennuyée, toute seule ? lui demande-t‑il.

— Non. J'ai passé le temps.

— Tu as pensé à nous ? la taquine-t‑il. Et à ce que nous étions en train de faire juste au-dessus de toi ?

— Alors, tu savais ? s'exclame-t‑elle en écarquillant les yeux.

— Que tu entendais tout ? Bien sûr ! J'ai fait exprès d'en rajouter pour te donner envie de nous rejoindre la prochaine fois !

— Daevon, je soupire, exaspéré. Laisse-la tranquille.

— Pourtant, ça ne t'aurait pas dérangé qu'elle vienne, je me trompe ?

Putain, je vais le tuer ! Ou son frère va s'en charger, vu le regard assassin qu'il lui lance.

— Tu ferais mieux de la fermer au lieu de balancer des conneries ! le réprimande Brenan.

— Je plaisante ! se dédouane Daevon en levant les mains. Pas la peine de vous mettre dans cet état ! Quelle bande de rabat-joie !

— Viens avec moi dehors, j'ai deux mots à te dire, lui ordonne son frère en se levant.

— Mais j'ai pas fini de manger !

— Rien à faire ! Lève ton cul et viens avec moi !

— Ah...

Daevon attrape tout de même un morceau de fromage avant de sortir à son tour. Lyrie ne me regarde toujours pas. Je la sens plus que mal à l'aise.

— Je suis désolé pour Daevon. On est très souvent entre hommes. Et il est... Il est Daevon. S'il te met trop mal à l'aise, je...

— Non, c'est bon, répond-elle.

— Vraiment ?

— Oui, vraiment. Il ne me met pas mal à l'aise. Au contraire, j'apprécie les jumeaux et je me sens en sécurité avec eux. C'est juste que... je ne sais pas toujours comment réagir parce que... Je ne sais pas toujours de quoi il est réellement question, parce que tu sais, je suis... Ou plutôt, je ne sais rien de... Bref. Là, maintenant, je suis mortifiée.

Je souris. Elle ose enfin lever les yeux vers moi. Je la trouve tellement belle en cet instant, fragile, les joues rosies, ses grands yeux ambrés fixés sur moi. Ses lèvres entrouvertes qui appellent à être goûtées comme un mets délicat...

— Oliver, je peux te poser une question ? me demande-t‑elle timidement.

— Bien sûr.

— Est-ce que... tu as quelqu'un de spécial, dans ta vie ?

— Quelqu'un de spécial ?

Qu'entend-elle par là ?

— Quelqu'un à qui tu tiens réellement, précise-t‑elle.

— Bien sûr. Il y a Brenan et Daevon, que je considère comme mes frères. Leur père Fergus, qui m'a élevé, et Nanou, ma nourrice. Et il y a Rina, aussi, la petite sœur des jumeaux, que tu n'as pas encore rencontrée.

— Et... une femme ?

Pourquoi ces questions ? Que se trame-t‑il dans sa tête ?

— Pardon, je me montre indiscrète... Tu n'es pas obligé de...

— Non. Il n'y a pas de femme « spéciale » dans ma vie.

J'ignore pourquoi, mais je tiens à ce qu'elle le sache.

— D'accord, répond-elle, détournant à nouveau les yeux.

Je ne peux m'empêcher de lui demander :

— Pourquoi t'y intéresser ?

— J'avais simplement envie de savoir.

OK. Que suis-je censé ajouter à ça ? Voulait-elle vraiment savoir si j'étais « libre » ? Impossible. Je me fais forcément des idées. Et même si c'était le cas, dans quel but ?

— Tu as terminé ton repas ? je lui demande, pour briser le silence.

— Oui.

— OK. Tu peux rejoindre les autres, je vais aller payer pour la nuit.

— Bien.

Elle se lève et sort de l'auberge sans un mot. Par Isgard, cette femme... Je secoue la tête et m'approche du comptoir. Bruno me rejoint et me sourit.

— Un joli morceau, la demoiselle, me taquine-t‑il.

— Oui, comme tu dis, je soupire. Merci pour tout, c'était parfait, comme d'habitude. Tu remercieras Moly pour sa cuisine.

— Vous serez toujours les bienvenus. Je n'oublie pas ce que vous avez fait pour nous.

Il y a trois ans, nous avons éliminé le spectre qui avait tué leur jeune fils. Une mission éprouvante, dont je me souviens particulièrement. Surtout du corps déchiqueté de l'enfant. Une réelle... tragédie.

Je sors deux pièces d'or de ma bourse, mais il pose sa grosse main sur la mienne.

— Ne m'offense pas, Oliver. Reprends ton argent.

— C'est le roi qui paie, je rétorque.

— Peu importe. Pour toi et tes frères, ce sera toujours ouvert. J'insiste.

Je remballe ma monnaie et lui serre la main chaleureusement avant de rejoindre mes acolytes. Daevon boude, comme chaque fois qu'il se fait remonter les bretelles par son frère.

Nous sortons d'Elsie et rejoignons le bois où nous avions laissé les jumeaux avant d'entrer dans le bourg. Ces derniers commencent à se déshabiller, tandis que j'attrape leurs vêtements au fur et à mesure pour les ranger dans un sac.

— Par les dieux ! s'exclame Lyrie en se retournant et en fermant les yeux. Prévenez, quand vous faites ça !

Les deux frères rient de bon cœur avant d'amorcer leur mutation. Après quelques secondes à peine, les panthères, noire et blanche, nous invitent à grimper sur leur dos. J'enfourche Daevon, tandis que Lyrie s'installe sur Brenan.

— Allez, mes frères, il est temps de rentrer chez nous ! je les encourage.

Puis ils s'élancent.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant