Chapitre 9.3

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Oliver

Nous demeurons silencieux jusqu'à la boutique, où nous récupérons les vêtements que l'homme a emballés dans des sacs. Je le remercie, avant de signer sa facture. Puis nous repartons pour aller chercher les jumeaux, dieux merci !

Nous les retrouvons là où nous les avions laissés. Nous les laissons se rhabiller, avant de revenir à Elsie et de nous diriger vers l'auberge de l'Agneau Toisé. Là, une odeur de tabac et de légumes cuits flotte dans l'air. La grande salle à manger est en train d'être rangée et nettoyée.

L'aubergiste, Bruno, sourit en nous voyant entrer. C'est un homme d'une cinquantaine d'années à la barbe profuse et rousse, avec un sacré embonpoint. Il est occupé à essuyer une table, mais s'arrête et vient nous accueillir.

— Et v'là mes chasseurs préférés ! s'exclame-t‑il.

— Bien le bonjour, monsieur Bruno ! lui répond Daevon en serrant sa grosse main. Quel plaisir de venir chez vous, ça sent toujours aussi bon !

— Ça, c'est grâce à ma Moly ! Attends de voir ce qu'elle vous a concocté pour le déjeuner !

— Moly est la femme de Bruno, je précise à Lyrie. Et une cuisinière hors pair.

— C'est peu dire, confirme Brenan. J'en ai déjà l'eau à la bouche !

— Les jumeaux ont toujours très faim après une mutation, je lui explique.

— J'avoue que moi aussi, répond-elle.

— Tiens, tiens, qu'est-ce que vous avez ramené là ? s'étonne Bruno en dévisageant la walkyrie.

— Voici Lyrie, une amie, je réponds en serrant sa main à mon tour.

— Bienvenue, Lyrie ! la salue-t‑il.

— Merci.

— Restez pas là ! Venez, que je vous offre une bonne cervoise ! Vous avez l'air d'en avoir besoin ! Et d'un bon bain aussi !

— Je ne dis pas non, approuve Brenan.

Nous suivons l'aubergiste jusqu'au comptoir, où il nous sert quatre chopes bien remplies. Nous prenons place sur des tabourets hauts. Je ferme les yeux en buvant le liquide mousseux. Pile ce dont j'avais besoin.

— Putain, elle est bien bonne ta cervoise ! s'exclame Daevon.

J'observe Lyrie, qui n'a pas touché sa boisson.

— Je... Je ne bois pas d'alcool, confesse-t‑elle.

— Quoi ? proteste Daevon. Jamais ?

— Non, répond-elle en haussant les épaules. Je dois toujours être en pleine possession de mes moyens.

— Pas étonnant, surtout avec ces trois loustics ! plaisante Bruno. Elle est prudente, la demoiselle, et elle fait bien !

Bruno lui sert alors un verre de jus de fruits :

— Issu du pommier de notre jardin ! Cent pour cent frais de ce matin !

Lyrie le remercie, avant de boire son verre d'un trait. Bruno pose également sur le comptoir une assiette de pain tranché, tartiné de beurre.

— Cadeau de la maison, les garçons.

Nous nous empressons de dévorer le pain, affamés.

— Alors, qu'est-ce que vous avez chassé, cette fois ? nous demande-t‑il.

— Une harpie. À Ernel, je réponds.

— Eh ben, on dirait que vous vous êtes bien amusés ! Il vous faut une chambre ?

— Ce serait super, j'acquiesce. Une halte nous ferait du bien. Une bonne nuit de sommeil et surtout un bain chaud, j'en rêve...

— Il m'en reste deux, va falloir partager.

— OK, je réponds.

Mes pensées se tournent instinctivement vers Lyrie.

— On va en prendre une pour nous trois. Lyrie, tu prendras la seconde, je tranche.

— Il n'y a que deux lits par chambre, précise l'aubergiste.

— Je dormirai par terre, je lui dis.

— Dormir par terre ? relève Lyrie.

— J'aime les sols durs, intervient Daevon. Olie, ça me dérange pas de pioncer au sol. Si t'as une couverture à nous passer, Bruno.

— Il est hors de question que l'un de vous dorme par terre alors qu'il y a assez de lits pour tout le monde, rétorque Lyrie. Je... Ça ne me dérange pas que l'un d'entre vous partage ma chambre.

Je n'ose pas répondre. Parce que j'ai cruellement envie que ce soit moi. Mais je sais que ce ne serait pas raisonnable. Et je doute de réussir à fermer l'œil en la sachant endormie près de moi.

— Dans ce cas, je vais avec Lyrie, propose Brenan. Je ne fais confiance à aucun de vous deux, ajoute-t‑il sur le ton de la plaisanterie – qui, je le sais, n'en est pas une.

— OK, soupire Daevon. Lyrie, tu ne sais pas ce que tu rates...

— Ferme-la, s'exaspère son frère.

Je me sens soulagé. Et frustré à la fois. Mais c'est mieux ainsi. Nous terminons l'encas avant de gagner l'étage où se trouvent les chambres, qui sont face à face. Lyrie et Brenan entrent dans la leur. Je déverrouille celle de Daevon et moi avant d'entrer à mon tour.

C'est petit, mais douillet. Deux lits sont plaqués contre le mur du fond, sous une petite fenêtre. Une salle d'eau réduite est accessible derrière une vieille porte en bois, comprenant une baignoire et un lavabo. Sommaire, mais propre. D'autant plus qu'Elsie est suffisamment riche et développée pour bénéficier de l'électricité. Ce qui signifie : eau chaude à volonté.

— À toi l'honneur, m'indique Daevon tout en s'affalant sur un des lits. Pour ma part, je vais commencer par une petite sieste.

Mes muscles sont endoloris par l'affrontement contre les drauhr.

J'essaie de me détendre et de vider mon esprit. Sans succès. Parce que quoi que je fasse, mes pensées me ramènent à Lyrie. Je revois son visage enjoué lorsque je lui ai lu le poème tout à l'heure. Elle paraissait vraiment sereine, pour une fois. Pas d'ombres pour voiler ses yeux. Ses yeux fascinants, gorgés de la magie des dieux. Sa façon de mordiller sa lèvre... Le renflement bombé de ses seins qui dépassent de son décolleté... L'arrondi généreux de ses fesses moulées dans le pantalon en cuir...

Pourquoi me captive-t‑elle autant ? Mon sexe se durcit chaque fois que je pense à elle et ça, ça prouve que je suis dans la mouise. Je suis obligé de me soulager pour essayer de la chasser de mes pensées. J'explose. Et c'est bon. Très bon.

— Olie, y en a qui essaient de dormir ! crie Daevon de l'autre côté. N'oublie pas que je peux sentir tes putains d'hormones !

Je ris. Rassasié. Je termine de me rincer et je sors de la baignoire. Je m'habille après m'être séché. Puis je m'allonge également, épuisé. Et je m'endors instantanément.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant