Chapitre 6.4

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Nous terminons rapidement le repas avant de prendre congé du baron et de sa femme, puis nous gagnons les écuries. Daevon et Brenan chargent des sacs sur les flancs de leurs montures. Je suis étonnée par la petite taille des chevaux. Voyant ma mine dubitative, Daevon me lance :

— Un problème avec les chevaux ? Tu as peur de monter ?

— Non, je les trouve simplement... petits.

— Petits ?

— À Evalon, ces montures seraient des poulains. Un étalon adulte est presque deux fois plus grand que ceux-là.

— Eh bien, chère Lyrie, tu apprendras qu'à Cindra, ce n'est pas la taille de l'étalon qui compte, mais plutôt...

— Daevon, ferme-la, bordel ! s'agace Brenan.

— Quoi ?

— Tu vas la mettre mal à l'aise, avec tes conneries.

— Allons, je pense que notre amie Lyrie sait très bien ce qu'est un étalon bien monté. Tu vois, genre comme moi !

— Putain, mais tu le fais exprès !

Je rougis jusqu'aux oreilles, comprenant enfin les sous-entendus de cette conversation. Je suis loin d'être experte dans le domaine et même si je n'ai jamais vu d'homme nu, j'ai déjà aperçu des dessins montrant leur anatomie. Nous n'avions peut-être pas droit à l'amour, mais nous étions tout de même curieuses.

Daevon explose de rire, tandis que son frère lève les yeux au ciel.

— N'hésite pas à lui dire que c'est un gros naze, me propose Brenan.

— Tu es un gros naze, lance alors Oliver à Daevon. Fous-lui la paix.

— Oh, ça va, je m'amuse un peu. Lyrie en a grand besoin !

Je réalise alors qu'il n'y a que trois chevaux. Et au moment où je fais ce constat, Oliver me tend la main.

— Tu montes ?

— Avec... toi ? je demande, rougissant davantage.

— Oui. Ça pose un problème ?

Je détourne le regard. Je visualise parfaitement la scène : moi devant, Oliver derrière moi. Mon dos collé contre lui... Par Noktys, c'est... gênant.

— Oliver n'est pas un étalon bien monté, intervient Daevon, tout sourire. T'as pas d'inquiétude à avoir, tu sentirais même pas sa qu...

— Daevon ! lance Brenan en lui donnant une claque sur le bras.

Je me racle la gorge avant de m'avancer vers Oliver et de prendre sa main. Même si je n'ai pas besoin d'aide, il me hisse sur la selle, ses mains saisissant fermement mes hanches. Je m'installe avant qu'il grimpe à son tour et que, effectivement, je me retrouve pressée contre son torse. Je sens ses muscles épouser mon dos. Ses bras puissants viennent encadrer mon corps pour saisir et tenir les rênes. Je sens son souffle chaud contre ma nuque.

Cette chaleur m'électrise d'une façon que je ne maîtrise pas. Mes orteils se recroquevillent dans mes bottes.

— Tu ne mets pas ta cape ? m'interroge-t‑il.

— Je ne crains pas le froid, je réponds de ma voix la plus assurée. Je l'ai emportée dans mon paquetage.

— Bien.

J'arrive à peine à déglutir. Pense à autre chose. Pourquoi ai-je de telles pensées ?

Les chevaux trottent tranquillement dans la cour avant de franchir un pont-levis qui surplombe un ruisseau. Une fois dans les plaines, les chevaux s'élancent. Je savoure la sensation du vent qui fouette ma peau. J'ai toujours aimé chevaucher. Cela me donne l'impression de voler. Je ferme les yeux pour mieux apprécier, puisque je n'ai pas besoin de diriger.

— Tu aimes ? me demande alors Oliver, sa bouche tout près de mon oreille, me rappelant indéniablement que je suis blottie contre lui.

— Oui. À Evalon, j'avais une jument. Seniah. Ça veut dire « celle qui vole », en langue fae. Nous faisions souvent la course, toutes les deux.

— Tu veux dire toi contre le cheval ?

— Oui.

— Et il t'arrivait de gagner ?

— Bien sûr. Je te l'ai dit, je suis rapide.

— Oui, mais il y a rapide... et rapide. Donc en réalité, tu pourrais tout aussi bien courir à nos côtés pendant que nous chevauchons ?

— Exact.

— Eh bien, je suis impressionné. J'aimerais vraiment que tu me montres, à l'occasion. Et ta force ? poursuit-il. On dit que les walkyries ont celle de cent hommes réunis. Est-ce vrai ?

— Je ne saurais quantifier. Mais si tu veux savoir si je suis capable d'abattre à moi seule une armée de cent hommes, alors la réponse est oui.

— C'est difficile à croire, quand on te regarde.

— Pourquoi ?

Il ne répond pas tout de suite.

— Eh bien, tu... Tu es très féminine.

— Et alors ?

Je ne suis pas sûre de comprendre.

— Eh bien, je connais des femmes guerrières. Des mercenaires. Des chasseuses, même. Et elles n'ont rien de féminin. Quand on te regarde, on voit surtout une femme. Une reine.

— Est-ce que c'est ta façon de me dire que je suis jolie pour une guerrière ? je le taquine.

Je suis moi-même surprise de mon audace au moment où mes mots franchissent mes lèvres. Même si je ne peux pas le voir, je suis certaine qu'il sourit.

— Peut-être bien, répond-il d'une voix qui me fait frissonner.

J'ai soudain très chaud, malgré le vent froid. 

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant