Oliver
La fraîcheur du couloir me fait un bien fou, moi qui suis moite et transpirant. Le silence, également. Je traverse un petit jardin fleuri avant de gagner l'aile où se trouvent nos chambres. Je pénètre dans le hall et emprunte un nouveau couloir, pour m'arrêter devant la porte de ma chambre.
Le baron m'a bien proposé d'installer Lyrie dans une autre pièce, mais je préfère garder un œil sur elle. Je pensais chaque mot que je lui ai dit. Que je n'étais pas le roi qu'elle était venue trouver. Que le sort d'Evalon ne me concernait pas. Et en même temps, je me sens responsable d'elle, après ce que je lui ai fait. Pourtant, je ne peux combattre le serment qui nous lie. C'est comme si j'avais besoin de la savoir près de moi. Comme si elle était le prolongement naturel de mon bras armé. Je peux ressentir sa puissance à travers moi dès que je me tiens près d'elle. Une sensation très troublante. Je me demande s'il en allait de même pour mon père avec la reine Oalah.
Je ne pense pas souvent à lui. Ni à ma mère. Je ne les ai jamais connus puisqu'ils ont perdu la vie le jour de ma naissance. Je me suis souvent persuadé que de ne pas avoir de souvenirs d'eux me rendait leur mort plus facile. Parfois oui. Parfois non. J'aurais aimé les connaître. Connaître le sourire de ma mère.
D'après Fergus, le père des jumeaux, elle était une très belle femme. Il est rare que des fae se mélangent aux humains, mais d'après lui, mon père était tombé sous son charme dès le premier regard. Et il l'avait aimée sincèrement, provoquant la fureur de la reine Aria, son épouse fae. Malgré tout, mon père l'avait toujours protégée, en l'isolant dans un palais annexe afin qu'elle ne subisse pas les colères de la reine.
J'avais un demi-frère et une demi-sœur : Jonace, l'héritier du tône, et Elisa. Ils avaient respectivement vingt et dix-sept ans, et ont tous deux perdu la vie le jour de ma naissance également. Du massacre, seule la reine Aria aurait survécu. Elle serait enfermée dans les geôles du palais, pleurant la mort de ses enfants.
Chassant mes pensées, je pénètre doucement dans la chambre, plongée dans la pénombre. Les rideaux sont restés ouverts. Les rayons de la lune éclairent d'un faisceau argenté le lit. J'entends la respiration de Lyrie, lente et lourde. Je m'approche doucement et observe son visage endormi, sa chevelure flamboyante étalée tout autour d'elle. Ainsi, elle ressemble à une enfant fragile, même si la réalité est tout autre. Je ne sais pas pourquoi je reste planté là, comme un idiot, à la regarder dormir. Je dois avouer qu'elle me fascine autant qu'elle m'effraie.
Elle est la première creati marquée par les dieux que je rencontre. Une guerrière créée par Noktys pour les rois de ma lignée. Pour moi. Encore faut-il que j'accepte d'être ce qu'elle voudrait que je sois. Un roi. Et pour l'instant, je ne le suis pas. Et peut-être que je ne le serai jamais.
— Je suis désolé, je m'excuse sincèrement d'un murmure.
Puis je prends place sur le fauteuil que je déplace près de la cheminée. Je délace mes bottes et défais le haut de mon pantalon pour être plus à l'aise. Et je me laisse bercer par le crépitement du feu. Je ferme les yeux. J'entame le décompte. Dix... Neuf... Huit... Sept... Six...
Jusqu'à ce que je tombe de sommeil.
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EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy Adulte
FantasyROMANTASY Evalon, Terres des Faes et des Creati Par une nuit noire et sanglante, une femme fuit, au péril de sa vie. Elle est une survivante. La dernière de son espèce. Sa seule chance d'échapper à ses ravisseurs ? Traverser l'Arragast, la frontière...