EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy Adulte

Chapitre 24.2

Oliver

Mon cœur accélère légèrement.

— Et je pense que tu sais pourquoi je te demande ton avis sur la présence de la walkyrie, ajoute-t‑il.

— Vous savez qui je suis. Qui je suis réellement.

— Oui, Oliver d'Ellentour. Fils d'Harmand d'Ellentour et de Lorane Hortas, héritier légitime de la couronne d'Evalon usurpée par Herald d'Ellentour lors de la Nuit Sanglante il y a trente-trois ans. Le jour de ta naissance. Sauvé par l'ami de ton père, Fergus. Et débarqué ici, dans ce palais, seulement douze jours après. Tellement faible que nous ne pensions pas que tu survivrais.

Je me sens ému malgré moi d'entendre le roi parler si ouvertement de moi.

— Tu dois avoir beaucoup de questions, Oliver.

— Oui. Je... Pourquoi m'avoir sauvé ?

— Pourquoi ne l'aurais-je pas fait ? s'exclame-t‑il. Nous avons toujours entretenu de bonnes relations avec Evalon, même si du fait de l'Arragast, nos contacts sont devenus très limités. Ton père s'est toujours montré courtois et amical envers Priah.

— Vous l'avez rencontré ? je le questionne, surpris.

— Trois fois, oui.

— Mais... comment ?

— Il existe une faille dans l'Arragast.

Mes yeux s'écarquillent malgré moi.

— Une faille ? je répète.

— Une brèche minuscule située dans les coins les plus reculés de Cindra et d'Evalon. Connue seulement par les rois des deux royaumes. Nous avons toujours souhaité garder cette faille secrète, pour éviter les dérives. Ainsi, son emplacement est un secret transmis à chaque nouveau roi.

Il pose un rouleau de parchemin cacheté de cire sur son bureau :

— Voici l'emplacement de la faille.

— Pourquoi me donner sa localisation ?

— Parce que cette information te revient de droit.

Je déglutis en m'emparant du rouleau.

— Pourquoi avoir gardé le silence sur ma véritable identité ? Depuis tout ce temps, vous saviez. Mais vous ne m'avez jamais rien dit.

— Fergus m'a fait part de ton souhait de vivre pleinement en tant que citoyen de Priah. J'ai respecté ton souhait, tout en sachant qu'un jour, nous aurions cette conversation. Parce que personne ne peut échapper à son destin. Ni à son sang. Mais il fallait que tu sois prêt. Qu'est-ce qui t'a décidé ?

— Lyrie, je réponds naturellement.

Je lui explique alors comment je l'ai aidée à sortir de l'Arragast lors de la chasse de la harpie. Ce que je lui ai fait en utilisant mes pouvoirs. Les informations qu'elle nous a communiquées sur la situation à Evalon. Puis notre venue ici, à Priah, afin qu'elle puisse le rencontrer.

Geoffrey m'écoute attentivement, caressant sa barbe.

— La situation à Evalon est plus préoccupante que je ne l'imaginais, conclut-il. Depuis la mort de ton père, impossible de savoir ce qui s'y passe. J'ai bien essayé d'y envoyer des espions, mais aucun n'en est revenu. Le fait que des morts-vivants soient arrivés jusqu'à Cindra est inquiétant, je vais devoir en informer tous mes seigneurs afin qu'ils restent vigilants. J'ajouterai des patrouilles le long de l'Arragast.

— Vous ne semblez pas étonné que je sois capable d'utiliser l'art des Murmures, je lui fais remarquer.

— Tu es marqué par les dieux, Oliver. Je sais de quelle lignée tu descends et ce dont ton ancêtre était capable.

— Et cela ne vous effraie pas ?

— J'ai appris à te connaître. Je t'ai regardé grandir. J'ai souvent conversé avec toi et éprouvé ta valeur pour savoir quel homme tu devenais. Le pouvoir que tu possèdes est terrifiant. Mais je sais que les dieux t'ont choisi pour une bonne raison.

— Mon pouvoir est loin d'égaler celui d'Arthur Pendragon. Il était un Héros des dieux. Moi, je ne suis qu'un simple métis à moitié humain.

— C'est ce que tu penses ?

La lueur de défi que je vois briller dans ses yeux m'interpelle.

— Que voulez-vous dire ?

— Ne penses-tu pas être une creati, Oliver ?

— Moi ?

— Les humains et les fae ne portent pas la Marque des dieux, me rappelle-t‑il. Le fait que tu sois marqué, eh bien... je suis persuadé que cela fait de toi autre chose qu'un « simple métis ». Mais je suppose que seul l'avenir nous le confirmera.

C'est vrai, je n'avais jamais envisagé les choses sous cet angle. Cette perspective m'effraie. Cela remettrait en question absolument tout ce que je pense de moi. Et ma façon d'envisager l'avenir.

— Que souhaites-tu que je fasse avec la walkyrie ? me demande Geoffrey.

— Je ne suis pas en mesure de vous dire quoi faire, Majesté.

— Tu es un prince, Oliver. Ta parole compte.

Je me sens mal à l'aise avec cette affirmation. Mais c'est un premier pas vers mon vrai moi.

— Lyrie a fui Evalon pour me trouver. Quand cela s'est produit, je n'y étais pas du tout préparé, j'ai paniqué. Mais j'ai beaucoup réfléchi depuis et... Je dois réparer ce que j'ai fait. Je compte lui révéler la vérité à mon sujet.

— Quand ?

— Dès que l'occasion s'en présentera. Ce soir, si je le peux. En attendant...

— Je tairai ton existence. Mais je me dois de l'aider malgré tout.

— Je sais. Je ne veux pas vous mettre dans une position inconfortable. Je vais lui parler, je répète.

— Bien.