EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy Adulte

Chapitre 24.3

Oliver

Finalement, je bois une gorgée de vin. Délicieux, en effet.

— Que suis-je censé faire, maintenant ? je lui demande alors.

— Revendiquer ton trône.

— Comment ? Je ne sais même pas ce que gouverner signifie. Je ne connais pas Evalon ni son peuple.

Le roi soupire avant de reprendre :

— Tu sais, certains héritiers sont préparés à devenir roi dès leur naissance. D'autres le deviennent une fois la couronne posée sur leur tête. Ce sera le cas pour toi. Quand tu auras chassé ton oncle. Être roi, c'est... comme être père. Il n'y a pas de mode d'emploi. Mais une fois qu'on est devant le fait accompli, on n'a pas le choix. On est roi, c'est tout. Alors, on essaie de faire au mieux. D'être juste. Et fort. Pour porter le peuple et protéger tous ceux qui comptent sur nous. Je ne saurais te dire quoi faire, parce que tu es le seul à avoir la réponse à cette question. Mais une chose est certaine. Tu dois t'entourer de personnes de confiance et partir à Evalon. Trouver tes partisans, tes alliés. Aller à la rencontre de ton peuple. Devenir plus fort. Et défier le roi Herald.

— Ça paraît si simple, dit comme ça...

— Je peux t'aider. Te fournir des guerriers. Cependant, tu te doutes que je ne pourrai pas te suivre là-bas.

— Je n'en attends pas autant de votre part. Savoir que j'ai votre soutien, c'est déjà beaucoup pour moi.

— Je ferai ce que je peux pour t'aider, Oliver. Parle-moi de la Reina Walkyria. J'ai connu Oalah, du temps de ton père. Une femme sage et avisée. Qu'en est-il de la nouvelle ?

— Pour être honnête, je la pense aussi perdue que moi. Elle est la dernière survivante de son espèce et n'a pas été préparée à endosser ce rôle. Elle a besoin d'aide parce qu'elle est aussi inexpérimentée que moi. Mais elle est forte et elle a la volonté de tout mettre en œuvre pour délivrer Evalon de la tyrannie de mon oncle. Quoi qu'il en coûte.

— Ta Reina Walkyria te ressemble, on dirait. Logique, puisqu'elle est censée devenir ton bras armé. J'ai hâte de la rencontrer.

« Ma » Reina Walkyria ? Je sais que nous sommes liés l'un à l'autre par le pacte que nous avons scellé. Et par bien d'autres choses à présent, sur lesquelles je ne parviens pas encore à poser de mots.

— Je crois... qu'on se comprend, elle et moi, je dis simplement.

— C'est important, que vous soyez unis. C'est ce qui a toujours fait la force des souverains d'Evalon.

Je ne suis pas certain qu'ils aient été tous « unis » de cette façon-là...

— Et as-tu avancé dans tes recherches à propos des « voix » que tu entends au palais ? me questionne-t‑il, changeant de sujet.

— Un peu. Je continue d'apprendre la langue d'Ombra pour essayer de comprendre. Avez-vous eu connaissance d'une ombre qui aurait plané au-dessus de Priah au moment où l'Arragast a été créé ?

— Non, répond-il spontanément. De quoi s'agit-il ?

Je bois une autre gorgée de vin avant de répondre :

— Certains citoyens auraient aperçu une ombre menaçante dans le ciel qui aurait tournoyé au-dessus de Priah, puis aurait disparu dans les entrailles de la Terre. Mais je n'ai pas pu avoir d'informations supplémentaires. On ne sait même pas si c'est vrai.

— J'essaierai de me renseigner sur cette ombre. Entends-tu les voix en ce moment ?

— Oui.

Le roi se lève et s'approche d'une grande baie vitrée, ses mains jointes dans son dos. Il admire les jardins luxuriants, songeur.

— Ce soir, ma femme a organisé un bal pour les dix-huit ans de ma fille, Yella. Tu devrais venir.

Je refuse poliment :

— Je ne suis pas très soirées mondaines.

— J'aimerais présenter la Reina Walkyria à la cour. Pour qu'elle puisse commencer à récolter du soutien. Les capitaines de la garde royale seront présents, tout comme certains de mes commandants. Ce serait l'occasion pour toi d'accompagner Lyrie et de te faire connaître auprès de mes généraux.

Ce soir, je comptais parler à Lyrie. Mais de toute évidence, le roi a des projets pour elle.

— Bien, je viendrai.

— Entendu. Alors, je te dis à ce soir, Oliver.

Je me courbe en une légère révérence avant de sortir des appartements du roi. La tête en ébullition.