Chapitre 20.2

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Oliver

— Attends, je l'interromps. Le roi Geoffrey... sait qui je suis ?

Fergus soupire avant de répondre :

— Oui, Oliver.

— Mais... il ne m'en a jamais parlé. N'y a jamais fait allusion !

— Le roi Geoffrey m'a demandé de modifier ton identité pour te protéger. Il y a des espions d'Evalon à Cindra. Personne ne devait savoir que tu étais vivant. Geoffrey t'a toujours traité comme n'importe quel citoyen afin de ne pas éveiller de soupçons. Mais il m'a toujours assuré que le jour où tu te sentirais prêt, il parlerait avec toi. Parce qu'il a beaucoup de choses à te dire.

Je ferme les yeux, réalisant ce que cela implique.

— Tu sais, Geoffrey t'a toujours apprécié. Il nous a offert un toit, une nourrice, et un travail, pour chacun de nous.

— Je n'arrive pas à le croire...

Je me sens perdu. Et en colère après tout ce que vient de me révéler Fergus sur ma famille. Je pense à mes parents, sauvagement assassinés. À mon frère, Jonace, qui a souffert toute sa vie avant d'être tué à son tour.

— Il y a quelque chose que j'aimerais te montrer, mon garçon, reprend Fergus.

Il se lève et se dirige vers un coffre fermé à l'aide d'un énorme cadenas. J'ai toujours pensé qu'il y gardait des papiers confidentiels du palais, dans le cadre de ses fonctions. Mais lorsque je le vois sortir un paquet soigneusement emmailloté dans un linge épais, je m'approche, intrigué. Il pose sur son bureau l'objet qui émet un bruit sourd. Il dénoue les liens et se débarrasse du linge. Une épée rangée soigneusement dans son fourreau apparaît alors.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Un cadeau de ta mère. Forgé par ton grand-père humain.

— Pour... moi ?

Fergus hoche la tête avant de s'écarter pour me laisser la place. Je détaille le pommeau, véritable œuvre d'art. Des symboles sont gravés sur le manche en métal noir. Une pierre d'onyx magnifique orne le manche au centre, à l'intérieur de laquelle tournoient des nébuleuses sombres. D'abord hésitant, j'ose finalement me saisir de l'épée et la sortir de son fourreau, pour découvrir une lame entièrement noire couverte de runes. Je n'ai jamais vu pareil métal.

— C'est une lame en titanium, m'indique Fergus.

— En titanium ? je répète, émerveillé.

— Tu as entre les mains une arme capable de tuer des creati immortelles. Et des dieux.

J'esquisse quelques mouvements pour la tester et suis surpris de constater à quel point elle est légère et lourde à la fois. C'est comme si elle s'ajustait à mon corps.

— Cette épée a été imprégnée de la magie de ton père, explique Fergus. C'est pour ça qu'elle s'adapte à toi. Le titanium est très lourd. Trop pour que les humains puissent manier ces armes correctement. Mais il a pensé à toi.

— Donc, cette épée est un héritage de ma famille... je pense à voix haute.

— Oui. Je la conservais précieusement chez moi sur ordre de ton père. Il souhaitait te l'offrir pour ta majorité. J'ai pensé à l'emporter avec moi dans notre fuite, cela me semblait important.

— Fergus, je ne sais pas quoi dire...

Je sens les larmes me monter aux yeux : c'est le seul objet que je possède issu de ma famille de sang. Un cadeau qu'ils ont façonné chacun à leur manière. Pour moi. En la touchant, j'ai l'impression d'entrevoir le sourire chaleureux de ma mère. La force de mon père. Et le travail de mon grand-père.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant