Chapitre 14.3

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Oliver

Nous nous arrêtons devant une maison grise à deux étages. Un petit jardin clôturé et fleuri fait le tour de la maison. Ce n'est pas énorme, mais c'est un luxe à Priah, qui souffre de surpopulation. Je contemple la façade de ma maison. Mon refuge.

Et avant même de pénétrer dans le jardin, je sais déjà que la porte d'entrée va s'ouvrir. Que Rina, la sœur des jumeaux, va bondir et courir pour se jeter dans mes bras. Que Nanou va sortir avec son éternel air bougon, vêtue de son tablier de cuisine, pour me serrer chaleureusement contre elle. Elle fera la moue en constatant que nous sommes sales et épuisés, et nous reprochera de ne pas avoir assez pris soin de nous.

Cette simple anticipation réchauffe mon cœur au moment où je déverrouille le portillon et mets un pied dans le jardinet.

— Attention, Lyrie, lui dit Daevon. Tu vas rencontrer le reste de notre famille et tous les trois, nous sommes de loin les plus sains d'esprit de la tribu... Prépare-toi à rencontrer notre sœur...

— Votre...

Elle n'a pas le temps d'achever sa phrase. La porte d'entrée s'ouvre brusquement, comme je l'avais prédit. Rina fait son apparition sur le pas de la porte, déjà en train de courir vers moi. Je me prépare au choc. Parce qu'elle a beau avoir l'apparence d'une fillette de treize ans, nous avons en réalité le même âge. Mais les panideri neberu vieillissent moins vite que nous autres, les humains.

— Olie ! hurle-t‑elle en se jetant dans mes bras, manquant nous faire tomber à la renverse.

— Salut, Rina ! je l'accueille en l'embrassant sur le front.

— Y en a toujours que pour Olie, ronchonne Brenan en croisant les bras.

La jeune fille lui tire la langue avant de déposer un baiser sur ma joue. Je la repose au sol, et elle se jette sur ses frères qui l'étreignent à leur tour chaleureusement. Puis elle se fige, remarquant enfin Lyrie qui se tient en retrait et a observé la scène, un masque indéchiffrable plaqué sur son visage.

— C'est qui, elle ? demande Rina en la montrant du doigt.

— Rina, je te présente Lyrie, répond Brenan. Et tiens-toi bien en sa présence. C'est la Reina Walkyria.

— La... Reina Walkyria ?

Rina écarquille les yeux avant de s'incliner respectueusement.

— Relève-toi, Rina, lui dit doucement Lyrie.

— Oui, Reina.

— Tu peux m'appeler Lyrie.

— Vraiment ? lui demande-t‑elle en jetant un coup d'œil à ses frères, cherchant leur approbation.

— Oui, vraiment, répond Lyrie.

Nanou fait son apparition sur le seuil de la porte, les cheveux en bataille, vêtue d'une robe simple à carreaux bleus et de son traditionnel tablier à fleurs. Son sourire chaleureux se répand jusqu'à moi. Elle vient à notre rencontre et me dévisage en faisant la moue. Je me penche pour la prendre dans mes bras, l'étreignant avec force.

— Tu es sain et sauf, mon petit, me dit-elle en me tapotant le dos.

— Comme toujours, Nanou, je réponds.

Elle s'éloigne et fait de même avec les jumeaux. Puis elle se tourne enfin vers Lyrie, intriguée.

— Nanou, c'est Lyrie ! s'exclame Rina. C'est la Reina Walkyria !

Je vois l'expression joviale de ma nourrice s'effacer tandis qu'elle mesure l'implication de cette révélation. Néanmoins, elle réaffiche son sourire et salue notre invitée.

— Dame Lyrie, c'est un honneur de vous accueillir dans notre humble demeure, lui dit-elle.

— Merci. Vous devez être la nourrice des garçons ?

— Oui. Je m'appelle Naralou. Mais vous pouvez m'appeler Nanou, c'est comme ça qu'on m'appelle. Vous devez être épuisée par votre voyage. Vous venez d'Evalon ?

— Oui, répond Lyrie.

— Alors, suivez-moi, je vais vous installer dans la chambre d'amis, puis je vous servirai un bon repas.

— Merci, c'est très gentil.

— Avec plaisir.

Spontanément, Rina prend la main de Lyrie pour la guider vers l'intérieur de la maison. La walkyrie pousse un hoquet de surprise, mais se laisse entraîner par la jeune fille sans protester. Daevon, Brenan, Nanou et moi observons la scène en riant. Rina a toujours été le rayon de soleil de cette famille. Elle reste positive en toutes circonstances.

— Allez, les garçons, décrassez-vous comme il se doit et rejoignez-nous dans la salle à manger. J'étais en train de préparer une fricassée de champignons ramassés hier par votre père, avec du lapin.

— Nanou, y a pas à dire, toi, tu sais parler aux hommes ! s'exclame Daevon en se frottant les mains.

— J'adore le lapin, t'es la meilleure ! ajoute Brenan avant de se précipiter à l'intérieur.

J'attends que les jumeaux soient entrés pour glisser à Nanou :

— Préviens Fergus de l'arrivée de Lyrie. Et dis-lui que nous allons devoir parler lui et moi.

Elle acquiesce, la mine grave. Parce qu'elle sait très bien de quoi il est question.

— J'imagine que notre invitée ignore qui tu es réellement ? devine-t‑elle.

— Oui. C'est... compliqué. Et pour l'instant, mieux vaut que ça reste ainsi.

— Je comprends. Je vais en informer Fergus. Il fait les comptes dans son bureau.

— Merci, Nanou.

Nous rejoignons les autres à l'intérieur.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant