Chapitre 3 . 3

13 3 0
                                    

Oliver

Il est deux heures de l'après-midi lorsque le médecin quitte ma chambre. Les heures qui viennent de s'écouler m'ont épuisé. J'ai payé quatre sous d'or le soignant pour son travail incroyable. Plus quatre sous supplémentaires pour sa discrétion. Il m'a montré comment changer les bandages. Selon lui, elle est tirée d'affaire, grâce à sa consistance hors norme.

Il avait raison. Elle s'est réveillée plusieurs fois pendant les soins et j'ai dû la maintenir allongée pour qu'il puisse travailler, non sans mal. J'entends encore ses hurlements. Des hurlements qui font écho à d'autres, et se répercutent dans chaque partie de mon corps.

Nous en avons aussi profité pour laver sa peau et ses cheveux, les débarrassant des traces de sang et de saleté qui les maculaient. Et à présent que je la contemple, endormie, je ne peux qu'admirer sa beauté singulière. Un subtil mélange de douceur féminine et de force guerrière. Elle a de longues jambes musclées, un bassin et des hanches généreux, une taille affinée. Sa poitrine rendrait jalouses toutes les femmes et ferait bander n'importe quel homme – même si je ne l'ai pas totalement vue, ayant détourné mes yeux lorsque le médecin a posé les bandages.

Il m'a aussi confirmé ce que je pensais. Sa peau était noircie au niveau de ses poignets et de ses chevilles, laissant à penser qu'elle a été enchaînée. Il a relevé de nombreuses fractures et lacérations qui ne sont pas dues à son altercation récente avec la bête qu'elle a affrontée dans l'Arragast. Son corps souffre également de malnutrition. Pas de traces de viol apparentes.

Cette walkyrie s'est enfuie de quelque part où elle a manifeste­ment été retenue prisonnière et torturée. Je comprends sa volonté de traverser l'Arragast. Mais pourquoi être venue me chercher, moi ?

Assis sur un fauteuil près du lit, je secoue la tête et me racle la gorge, avant d'observer son visage. Ce visage plein de mystères. Dur et gracieux à la fois. Le visage d'une femme portant la Marque des dieux.

Daevon et Brenan entrent dans la pièce et s'approchent en silence. Eux aussi observent la guerrière qui dort profondément.

— C'est complètement surréaliste, soupire Daevon. Comment on a pu passer de « on va chasser une harpie » à « on a sauvé une walkyrie » ?

— C'est un putain de merdier, confirme Brenan. Qu'est-ce que tu vas faire, Olie ? Que vas-tu lui dire, quand elle se réveillera ?

— Je n'en sais absolument rien, j'admets, aussi perdu qu'eux. Elle a traversé l'Arragast pour me trouver. Je ne sais pas pour quelle raison. Comment a-t‑elle pu savoir qui j'étais ?

— Mis à part le fait que tu brillais comme une torche vivante ? se moque Brenan.

— Très drôle... Mais comment avons-nous pu nous retrouver au même endroit, au même moment ?

— Sérieusement, Olie... intervient Daevon. Elle t'a « senti », parce que sa race a été créée pour protéger ta lignée. Noktys a envoyé les premières walkyries pour soutenir ton ancêtre, Arthur Pendragon. Quant à cette coïncidence incroyable, eh bien... les dieux n'y sont peut-être pas pour rien.

— Alors, qu'est-ce que ça veut dire, au juste ? je lui demande. Pourquoi est-elle là ? Que veut-elle de moi ?

— Elle seule pourra te le dire, répond Brenan. Mais... Olie... Elle a traversé l'Arragast. Elle est la nouvelle reine des walkyries. Cela ne peut vouloir dire qu'une chose.

— Laquelle ?

Je sais déjà ce qu'il va dire, parce que je ne suis pas idiot. Je refuse simplement d'admettre la vérité.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant