Chapitre 18.1

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Lyrie

Debout devant le miroir de ma chambre, je ne parviens toujours pas à détourner les yeux de mon reflet. La nuit vient de tomber et, sous les mains expertes de Nanou et de Rina, je me suis laissé habiller de la robe ivoire fleurie envoyée par le roi Geoffrey. N'ayant jamais mis de robe, j'ignorais comment l'enfiler convena­blement, d'où leur présence insistante. Nanou s'affaire à nouer le ruban couleur rouille situé juste sous ma poitrine. Debout sur une chaise placée derrière moi, Rina s'occupe de ma chevelure, qu'elle a tout d'abord soigneusement brossée. Elle fabrique habilement une coiffure où se mêlent tresses, rubans et perles, relevée sur ma tête, dégageant ma nuque. Elle laisse volontairement quelques mèches s'en échapper, conférant à l'ensemble un air plus naturel.

Nanou maquille légèrement mes yeux et mes lèvres. Et le résultat est bluffant. Je ne me reconnais pas moi-même. C'est la première fois que mon reflet me renvoie une image de moi autre que celle d'une guerrière. C'est une femme que je vois dans le miroir. Une femme belle à couper le souffle. Ma poitrine est mise en valeur grâce au décolleté plongeant et à la dentelle transparente qui couvre le haut de mes seins. Mes hanches semblent affinées, le tissu fluide épouse mes longues jambes musclées.

— Lyrie, tu es trop canon ! s'exclame Rina, surexcitée. Par les dieux, Oliver va fondre en te voyant !

Je rougis instantanément.

— Rina ! la réprimande Nanou. Arrête avec tes sottises ! Tu mets Lyrie mal à l'aise. Et je te rappelle qu'elle est la Reina Walkyria. Lyrie est une dame de vertu.

Ce cruel rappel quant à ma condition chasse ma momentanée bonne humeur. Et mon espoir de plaire à Oliver. Parce que même si c'était le cas, ce serait totalement inconvenant. Je suis censée rester vierge toute ma vie. L'amour n'est pas pour moi.

Pourtant, tout à l'heure, à la bibliothèque... j'ai passé un moment extraordinaire en sa compagnie. Et j'ai ri. Pour la première fois depuis des mois. Et je me suis noyée dans son regard si profond. Dans sa beauté. Si je n'avais pas été ce que je suis, je crois même que j'aurais osé lui demander de m'embrasser. Parce que mon corps tout entier tremblait rien qu'en l'imaginant. Et que cette nouvelle expérience se serait avérée des plus plaisante, j'en suis certaine.

— Merci à toutes les deux, vous avez effectué un travail incroyable, je les complimente.

— On n'a pas eu grand-chose à faire, réplique Rina. T'es tellement belle que tu rayonnerais même en haillons ! Tes yeux sont magnifiques, je suis jalouse.

— Les tiens sont très beaux aussi, Rina.

— Hum... Nanou, je peux accompagner Lyrie à la crique ?

— Oui, mais ne rentre pas trop tard. Tu sais que ton père ne veut pas que tu sortes quand il fait nuit.

— Promis, je rentrerai au coucher du soleil.

— Ne vous inquiétez pas, Naralou, je veillerai sur elle.

— Merci. Les garçons sont déjà partis pour aider les Lapis à tout mettre en place, allez donc les rejoindre. Et Rina, n'oublie pas de présenter correctement notre invitée à tout le monde, qu'elle ne se sente pas seule.

— T'inquiète, Nanou ! Allez, viens, Lyrie ! On va trop bien s'amuser !

Nanou lève les yeux au ciel avant de sortir derrière nous.

Rina ne cesse de sautiller autour de moi tandis que nous arpentons les rues du quartier pour rejoindre la fameuse crique. Je souris de sa bonne humeur, communicative. Nous nous extirpons du quartier résidentiel pour emprunter un sentier de terre traversant un champ de fleurs multicolores. Nous sommes en haut des falaises qui bordent Priah. Le vent marin fouette mon visage et soulève agréablement les pans de ma robe.

Nous descendons un long escalier taillé dans la roche, à même le flanc de la falaise. En contrebas, je distingue nettement la crique de sable blanc. Une centaine de personnes sont déjà présentes. J'aperçois ce qui me semble des tables dressées pour le banquet et une petite scène en bois. Un énorme bûcher a été préparé au centre, et des tonnelles érigées à plusieurs endroits, sous lesquelles des coussins ont été disposés pour s'y asseoir ou même s'y allonger. Des guirlandes lumineuses sont entremêlées sur les tonnelles, et de nombreux bouquets de fleurs disposés sur les tables.

À mesure que nous descendons, mon cœur s'emballe peu à peu à l'idée de me retrouver entourée d'inconnus. Rina m'attrape la main et me regarde avec bienveillance.

— T'en fais pas, Lyrie, tout le monde est très gentil. Et ici, il n'y a que des creati. Personne ne te jugera pour ce que tu es.

Je la remercie pour sesencouragements, mais garde précieuse­ment sa main dans la mienne. Après unedescente interminable, nous arrivons enfin sur le sable. Les rires et lesquelques notes de musique que j'entends me réchauffent. Ai-je seulement déjàassisté à une fête ou une célébration joyeuse dans ma vie ? Je souris.Parce que ce soir, je vais vivre une nouvelle expérience.

— Enlève tes chaussures ! m'ordonne Rina en retirant les siennes.

Je m'exécute et savoure le contact du sable frais sur mes pieds. Un homme et une femme viennent à notre rencontre, vêtus de blanc. Ils sont tous les deux magnifiques et respirent le bonheur.

— Bonjour, Rina, la salue la femme.

— Salut, Joanna, répond l'adolescente. Tu es très jolie !

— Merci, ma chérie. Vous devez être Lyrie ? me demande-t‑elle.

Elle a de sublimes cheveux blonds et de grands yeux bleus, très clairs, presque blancs. C'est une des caractéristiques qui permet d'identifier les lycans.

— En effet, je réponds.

— Je suis honorée de faire votre connaissance, dit-elle avant de s'incliner profondément, imitée par l'homme.

— Par les dieux, relevez-vous ! je m'exclame, gênée par tant de cérémonie.

— Merci. Je suis Joanna. Et voici Bastien, mon fiancé.

J'observe Bastien Lapis, fils aîné de la famille. Il est de carrure impressionnante, a les cheveux roux et une barbe naissante.

— Je... J'avoue que je ne sais pas vraiment quoi vous dire vu que je n'ai jamais assisté à une cérémonie de fiançailles, mais je suis heureuse d'être ici. Et toutes mes félicitations, évidemment.

— C'est nous qui sommes heureux de vous accueillir à notre fête, réplique Bastien. C'est... tellement incroyable ! Je n'aurais jamais pensé un jour rencontrer la Reina Walkyria à Priah ! Je vous en prie, profitez de la soirée, vous êtes notre invitée d'honneur.

— Oh, je vous assure que ce n'est pas nécess...

— Lyrie, j'ai vu Daevon et Brenan ! Viens !

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que la jeune fille me tire par la main. J'entends le couple glousser derrière nous.

— Amusez-vous bien ! nous lance Joanna de loin en riant.

Rina nous conduit jusqu'à un groupe de personnes qui se tiennent près du bûcher, un verre à la main. Je reconnais de dos les jumeaux, vêtus simplement d'un pantalon en lin, blanc pour Daevon, noir pour Brenan. Ils sont torse nu, leurs muscles puissants exposés à la vue de tous. Je remarque que la plupart des convives mâles ne portent qu'un bas également, malgré la fraîcheur.

Les rires cessent en mêmetemps que les conversations au moment où nous les rejoignons. 

 

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EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant