Chapitre 28.3

5 1 0
                                    

Oliver

— Olie ! appelle la voix de Brenan, au loin.

Mais je sais qu'il ne peut pas m'atteindre. Personne ne le peut.

Soudain, tout devient noir. J'ai l'impression de me retrouver hors de mon corps. De flotter, attiré quelque part. Une grotte ? J'entends de l'eau ruisseler. Il y a de la roche partout autour de moi. Il fait sombre, mais des cristaux encastrés dans les parois éclairent faiblement ce lieu insolite. Je lève les yeux. Je ne distingue même pas le plafond tellement il est haut. Est-ce que je suis sous terre ? Un rayon de lumière filtre à travers deux énormes rochers, éclairant un bassin d'eau limpide. Il fait froid. L'air est chargé d'humidité. Suis-je mort ? Coincé dans une sorte d'entre-deux ?

Odeiver !

Je sursaute en entendant la voix dans ma tête. La même voix qui me harcèle dès que je me trouve au palais. Mais elle est bien plus forte. Plus près. Tout près. Et surtout, pour la première fois, je la comprends.

Odeiver, « Oliver ». C'est mon prénom. Cette voix m'appelle depuis le début.

— Odeiver, as agart hes priateih. Sulfuraneihm eirest ! (Oliver, Héros des dieux, libère le feu de la salvation !)

Qu'est-ce que cela signifie ? Libérer le feu de la salvation ? De quoi s'agit-il ? Et pourquoi est-ce que je comprends la langue d'Ombra ? Mon âme a-t‑elle été bannie dans les enfers ?

— Oliver ! m'appelle la voix.

Je cherche sa provenance :

— Il y a quelqu'un ?

J'entends une respiration. Lourde. Puissante. Je sursaute. Il y a quelque chose ici. Avec moi. Dans cet endroit.

Approche, Oliver.

Je suis le son de la respiration pour me retrouver face à une montagne de rochers dont je peine à voir le sommet. Je soupire. Il n'y a rien ici. Pourtant, je sais que je suis au bon endroit. Je m'approche et pose ma main sur la pierre pour me reposer. Je la retire brusquement. Bon sang, j'ai senti quelque chose ! Hésitant, je repose ma main sur la roche et écoute. Boum. Boum. Boum. Boum...

C'est... un battement de cœur. Très lent. Mais je le distingue nettement à présent. Pour sûr, il y a quelque chose sous cette montagne de pierre. Je fais le tour, guettant une faille. Je m'arrête devant une demi-sphère lisse, aussi grosse que moi. Pourquoi a-t‑on taillé un rocher de cette forme ici ? Intrigué, je m'approche davantage et plaque mes deux paumes sur la pierre, cherchant quoi que ce soit qui puisse...

Un frisson. Je ressens un frisson sous mes doigts. Qu'est-ce que...

Ça bouge ! Je retire vivement mes mains, effrayé. Par Isgard, il y a quelque chose de vivant ! OK... je me calme. Cette chose, quelle qu'elle soit, m'appelle depuis que je suis enfant. Et, pour une raison que j'ignore, le fait d'être mortellement blessé par la magie du démon m'a conduit dans cette caverne. Auprès de la voix. Je n'aurai peut-être jamais l'occasion de découvrir de quoi il s'agit. Parce que je ne sais absolument pas où je me trouve. Alors, je pose une nouvelle fois mes mains sur l'énorme sphère. Je ressens à nouveau les frissons. Les battements lourds d'un cœur. Une force brute. Ancestrale.

La Marque des dieux se met à luire, me brûlant presque la peau. La pierre s'effrite soudain sous mes doigts, provoquant un léger tremblement sous mes pieds. Craintif, je recule de deux pas. Une fine pellicule de poussière se dégage de la sphère, jusqu'à disparaître, pour laisser place à... quoi exactement ? On dirait une sorte de globe.

Je m'approche doucement et y remets ma main. C'est froid. Épais. D'un gris presque noir. On dirait de la peau avec un épais relief. Non... des écailles. Des... putains... d'écailles.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant