Chapitre 8.1

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Lyrie

Les chasseurs sont endormis depuis bientôt trois heures. J'alimente régulièrement le feu pour qu'il ne s'éteigne pas et je veille. Rien ne vient perturber le chant des insectes nocturnes ni le hululement des hiboux. Cette forêt est paisible, ce qui me permet d'essayer de remettre en ordre mes pensées.

Je jette un rapide coup d'œil aux garçons endormis, plus particulièrement à Oliver. Je ne parviens pas à m'expliquer l'attraction que j'éprouve à son égard, ni les réactions de mon corps chaque fois qu'il se tient près de moi. Ou qu'il me regarde. Certes, il est très beau. Mais j'ai la sensation qu'il y a davantage que cela, et que je passe à côté de quelque chose d'important.

Je ne connais pas ces hommes depuis longtemps, mais je sens que je peux leur faire confiance. J'aime leur façon de parler sans détour et leur lien fraternel. Il me rappelle la relation que j'avais avec mes sœurs, cette complicité qui était si chère à mes yeux.

Je commence à me dire que les dieux les ont placés sur ma route pour m'aider dans mon périple. Quelle chance avais-je de tomber sur des creati ou des métis fae à Cindra ? La probabilité restait faible. Et pourtant, ce sont eux qui m'ont trouvée.

La seule chose que je ne comprends pas et qui m'obsède, c'est la disparition de mon roi. Comment a-t‑il pu m'aider à sortir de l'Arragast puis disparaître ? Où est-il allé ? Pourquoi m'a-t‑il laissée pour morte ? Lui est-il arrivé quelque chose ? Ou pire encore... est-il parti délibérément ? J'enrage de ne pas me souvenir de ce qui s'est passé. Je suis certaine que la réponse se niche quelque part dans ma tête.

Une sensation désagréable me fait soudain frissonner. Mes sens s'éveillent aussitôt. Je n'avais pas réalisé qu'une brume étrange, verdâtre, s'était répandue tout autour de nous. L'odeur nauséabonde de putréfaction aurait pourtant dû m'alerter. Non, impossible... Pas ici...

Je connais parfaitement ce phénomène, tout comme les créatures qui voyagent et se dissimulent dans cette brume. Les drauhr*. Le fléau qui s'abat sur Evalon et est en train de dévaster le royaume. Une armée de morts lâchée par Herald l'Usurpateur, des créatures d'Ombra que l'on ne peut tuer qu'avec une lame en titanium ou du souffle de dragon. Par Noktys, comment ces créatures ont-elles pu franchir l'Arragast ? Et pourquoi sont-elles ici ?

Je bondis sur mes pieds et me précipite vers les chasseurs endormis.

— Réveillez-vous ! je leur ordonne.

Les jumeaux ouvrent immédiatement les yeux et dégainent leurs armes, mus par leur instinct animal. Oliver se redresse également, bien qu'encore ensommeillé.

— Remballez tout, on doit partir ! je leur dis.

— Lyrie, qu'est-ce qui se passe ? me questionne Brenan en observant le brouillard qui flotte autour de nous. Et bon sang, c'est quoi cette odeur ?

— Des drauhr, je réponds en les aidant à rassembler les fourrures.

— Des drauhr ? répète Daevon.

— Oui.

— Pourquoi ce nom m'est familier ?

— Parce qu'il s'agit d'un des Trois Fléaux* contre lesquels a dû se battre Arthur Pendragon. Les morts-vivants, je précise.

— Des morts-vivants ? relève Oliver. Putain, c'est quoi ce bordel ?

— Pas le temps de vous expliquer. Je ne sais pas pourquoi il y en a dans cette forêt, mais on n'a rien pour les combattre. Alors, il faut partir avant qu'ils nous trouvent.

Nous nous précipitons vers les chevaux. Les chasseurs rangent en vitesse leurs affaires dans les sacs de voyage et libèrent leurs montures. Les jumeaux se hissent en selle, Oliver grimpe également sur son cheval et me tend la main. Je refuse :

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant