Chapitre 15.1

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Lyrie

J'observe avec curiosité la petite chambre dans laquelle m'a installée la nourrice des chasseurs. Très sommaire, avec seulement un petit lit une personne avec une jolie tête en bois, sculptée, représentant des vignes. Une couverture verte brodée de fleurs jaune et doré et un oreiller visiblement moelleux à souhait apportent une touche de couleur lumineuse.

Il y a une grande porte-fenêtre ornée de légers voilages blancs transparents, donnant accès à un balconnet. Mes yeux se posent sur une toile, une nature morte. J'y vois une signature dans le coin à droite : Daevon. Vraiment ? Daevon a-t‑il vraiment peint ce tableau ? Si c'est le cas, j'en suis surprise. La peinture est très fine et très réaliste. Je ne m'y connais pas beaucoup en art, mais c'est vraiment très beau. Juste en dessous, un vase fleuri est posé sur un secrétaire. Sur le mur opposé, un meuble en colonne offre des étagères pour entreposer une collection de coquillages, ainsi que quelques livres.

Je m'en approche et en saisis un à la couverture noir et or. Malheureusement, il est écrit dans la langue de Cindra, que je ne lis pas. Il y a cependant quelques illustrations qui m'indiquent qu'il s'agit d'un manuel d'instruction sur la pêche. Quelqu'un frappe à la porte.

— Entrez.

Nanou s'avance vers moi, les bras chargés de linge et de vêtements.

— Lyrie, la chambre vous convient-elle ? C'est petit et rustique, mais...

— C'est parfait. C'est... plus que je n'ai jamais eu.

— J'ai du mal à le croire... Vous êtes un monarque.

— C'est... très récent.

Elle ne cherche pas à en savoir plus et je l'en remercie.

— Vous aimez les livres ? me questionne-t‑elle en désignant l'ouvrage que je tiens dans mes mains.

— Je n'en sais trop rien... Là où j'ai grandi, il n'y en avait pas. Ou seulement sur l'histoire d'Evalon. Notre reine... C'est elle qui nous faisait la lecture. Et j'appréciais fortement ces moments paisibles et instructifs.

— Vous savez lire ?

— Oui, mais je ne lis pas votre langue.

— Je pourrais vous trouver des livres en langue ancienne, si cela vous intéresse réellement.

J'observe la petite silhouette frêle de la nourrice, étonnée qu'elle ait réussi à élever de si grands gaillards. Ses cheveux mi-longs et grisonnants sont rassemblés pour former un chignon, d'où s'échappent de nombreuses mèches folles. Elle a de petits yeux d'un brun foncé, quelque peu intimidants. Je peux deviner l'ambivalence de son caractère : à la fois intransigeant et profondément bienveillant. Je l'estime âgée d'une cinquantaine d'années.

— Je ne pense pas avoir le temps, mais je vous remercie pour cette attention, je réponds.


— C'est ce que j'ai cru comprendre.

— Vous a-t‑il dit qu'il écrivait également ?

Je fronce les sourcils.

— Je l'ai vu faire, dans son petit carnet, ses rapports pour le roi.

— Il écrit aussi pour lui, pas seulement pour le roi.

— Ah ? Non, il ne m'a rien dit.

Et je réalise que je suis déçue qu'il ne l'ait pas fait.

— Qu'écrit-il ? je la questionne, curieuse.

— Outre les rapports de chasse, des nouvelles et des poèmes. Il a toujours adoré ça. S'enfermer des heures dans sa bulle.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant