Chapitre 26.3

15 2 2
                                    

Oliver

Je me retrouve avec Yella, qui ose à peine respirer.

— On ne fait pas attendre une demoiselle, me reproche Tollis en souriant.

— Bien sûr, pardonnez-moi, princesse Yella, je m'excuse avant de lui offrir ma main. Voulez-vous bien m'accorder cette danse ?

Sur un raclement de gorge, elle glisse sa main délicate dans la mienne. Nous nous approchons de la piste de danse, tout le monde s'écarte pour laisser passer la princesse. Les musiciens attendent que nous soyons en place pour entamer une nouvelle valse.

Je pose ma paume dans le dos de ma partenaire, au creux de ses reins, et la rapproche de moi. De l'autre main, je saisis sa main libre et attends la musique. Je souris intérieurement en voyant à quel point notre proximité la trouble. Elle n'ose pas me regarder, mais elle est toujours très rouge.

— Je ne suis pas excellent danseur, j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, je lui dis pour essayer de détendre l'atmosphère.

Elle lève enfin les yeux vers moi et me répond spontanément :

— Bien sûr que non ! Pour être honnête, je déteste les bals.

— Eh bien, dans ce cas, nous sommes deux.

Je lui adresse un large sourire, ce qui la fait totalement fondre.

— Je suis désolée pour mon frère. Il vous a mis dans l'embarras, poursuit-elle timidement, tandis que nous tournoyons au milieu des autres couples de danseurs.

— Je suis content de partager ce moment avec vous, Altesse. Je vous ai connue enfant. Et vous voilà devenue une jeune femme.

— Je... Je vous ai toujours apprécié, avoue-t‑elle. Vous avez toujours été gentil et respectueux envers moi. Et vous êtes peut-être le seul à comprendre mon besoin de solitude.

— Parce que je suis un solitaire, moi aussi.

— Je vous envie, Oliver.

Je hausse un sourcil :

— Pourquoi ?

— Parce que vous êtes libre. Que vous pouvez voyager et vivre des aventures. Faire ce qui vous plaît. Et... vous marier avec la personne que vous aurez choisie. Moi, je ne peux quitter le palais. Mes seules amies sont des dames de cour qui s'évertuent à me contenter pour obtenir des privilèges. Je fais de la broderie et du violon toute la journée. Et on me mariera bientôt à un homme que je n'aurai pas choisi.

La résignation et la détresse que je perçois dans sa voix me bouleversent. Je m'arrête de danser et l'observe intensément, posant un doigt sur son menton pour l'obliger à me regarder. Elle déglutit, le souffle suspendu.

— Yella, personne ne peut vous forcer à vivre une vie dont vous n'avez pas envie.

— J'aimerais vous croire, Oliver. Mais je suis la princesse. Mon destin est tracé depuis ma naissance.

— C'est faux. Votre titre ne peut vous forcer à être ce que vous ne voulez pas.

— Mais... comment pourrais-je être autre chose ? Ma famille ne me laissera jamais...

— Alors, partez ! je la coupe. Si vous sentez dans votre cœur que votre place n'est pas ici, partez.

Elle me regarde avec espoir. Et tristesse.

— J'espère un jour avoir le courage de le faire, dit-elle.

— Si je peux vous aider pour quoi que ce soit, n'hésitez pas, je lui propose sincèrement.

EVALON, La Marque des Dieux - Tome 1 : Le Chasseur _ Romantasy AdulteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant