2 - Violet.

1K 74 0
                                    

— Non, c'est lui que je voulais, dis-je d'un air complètement hébété — pour ne pas dire stupide, en le désignant une fois de plus

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

— Non, c'est lui que je voulais, dis-je d'un air complètement hébété — pour ne pas dire stupide, en le désignant une fois de plus.

— Justement.

Mes oreilles sifflent, la victoire me glisse entre les doigts et le laisse un goût amer qui remue mon estomac, pour laisser déployer une colère sourde.

— Alors pourquoi il ne reste pas !

— Parce que. Maintenant, tu peux retourner vaquer à tes occupations. Je serai dans mon bureau, j'ai beaucoup de travail, alors viens me voir seulement en cas d'extrême urgence.

Quand Roland parle de cas d'extrême urgence, il veut dire par là ''si la maison prend feu'', ou encore ''si les extraterrestres envisagent une invasion''. En gros, je n'ai pas intérêt à le déranger pour mes futilités, ou il me le fera regretter.

Il déploie sa masse gracile, se redresse sur ses jambes aussi longues qu'effilées, sa tasse fumante calée à son index habillée d'une chevalière épaisse et son journal ouvert sur une rubrique criminelle sous le bras, puis il s'en va s'enfermer dans son immense bureau qui s'étale tout le long du seconde étage, lequel est accessible par une ascenseur mis en place il n'y a pas longtemps.

Complètement hagarde, je l'observe se délester d'une affaire qui l'ennuie —moi, accompagnée de ma ribambelle de déboires sans fin, et ce, sans m'adresser un mot de plus, concernant ses attentes du chaperon qu'il me colle sur le dos.

Mes poings se serrent si brutalement que mes ongles me griffent la peau, et je réprime un cri de rage, les dents grinçantes. Le cœur palpitant, les sens étourdis par un sursaut de colère déjà précédé d'un élancement cérébral que le paracétamol n'est pas parvenu à faire décélérer, je pense à m'échapper à toute vitesse pour réfléchir à comment me dépêtrer de cette situation aussi cocasse qu'affligeante.

Lui ne m'adresse aucun regard, se contente de se frotter les poignets en respirant avec un calme si modéré qu'il fomente une algarade que je risque de lui balancer à la figure sans me soucier du retour de bâton que me promettra Roland, en conséquence de mon manque flagrant de retenu, de grâce, d'éthique... et probablement de décence, aussi verbale que charnelle.

— On me demande jamais ce que je veux, moi !

Je me rue vers le couloir, sans attendre, sans réfléchir.

L'amusement est terminé.

J'attrape un sac dans mon dressing en notifiant mon chauffeur d'un rapide message, et le pose en ouverture béante sur la couette de soie pourpre de mon lit à baldaquin, puis j'embarque quelques tenues, quelques sous-vêtements, mes affaires de toilettes... Comme si j'envisageais la fugue, mais j'envisage surtout l'escapade éternelle, ou temporaire —seulement quelques jours.

De toute façon, Roland ne s'en rendrait pas compte.

Mes poings exsangues se saisissent des poignées en cuir, halent le sac plein à craquer à moi, et je m'empêtre dans les nombreuses paires de chaussures qui jonchent le marbre de mon immense chambre aux proportions si énormes que je m'y retrouve oppressée : étrange, n'est-ce pas ? Les pièces trop larges me donnent le tournis, mais surtout, ravivent, comme un tisonnier sanguinaire, le feu de souvenirs terribles.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant