91 - Ruby est Pandore

93 14 0
                                    

Musique en média

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Musique en média

Ruby est comme... un vautour. Ces rapaces qui se repaissent des carcasses de leur proie, qui viennent picorer et picorer, encore et encore, les ossements décharnés, lambeaux de peau gluants et flaques de sang séché, pour n'en rien laisser.

Et moi, en bon épouvantail de fortune, je prétends la chasser en lui faisant peur, alors que tout ce que je fais, c'est l'encourager à approcher, à m'approcher, à m'aimer... même si je n'ai ni chair pour la repaitre, ni sang pour l'allécher.

Je suis un squelette.

Ruby est comme... une bombe à fragmentation. Lorsqu'elle se brise puissamment en nos entrailles ou nos reins, ses milliers d'éclats nitescents zèbrent et râpent nos corps putréfiés, nos organes dilatés, sans ménager le cœur, pour nous baigner entier. Alors... chaque mouvement devient un douloureux rappel d'elle. Un rappel de son invasion, de sa conquête, de sa victoire. Elle ravit et capture dans le même instant, truande, pourtant, elle est auréolée d'une étincelle de célébrité faste.

Et moi, en bon démineur orgueilleux, j'ai prétendu pouvoir approcher l'explosif sans craindre sa détonation. J'ai flatté les fils d'une délicatesse langoureuse, tombé amoureux de ses rouages et nuances, de ses filaments colorés, ai admiré ses courbes aquilines, et ses pensées complexes... puis j'ai oublié qu'elle risquait d'exploser. Le visage au plus proche de cette machination, séduisante jusque dans les ombres de son labyrinthe miné, j'ai tu Sybille et son éclat pourpre — bouton rouge, pression dynamite ; pour me gorger de ses circuits trompeurs.

Je me suis égaré trop longtemps pour reculer avant que tout n'explose. J'étais captif envouté, hypnotisé par sa violence tapi sous un amas de mensonges sans bornes. Je le voyais, là, tout dans le creux de l'être aimé... le dégoût de l'étranger.

Mais c'est comme tous les autres, je me suis éparpillé, comme elle en moi, microcosme de son macrocosme. Un parmi tant d'autres...

Mais pire que tout, c'est en elle que l'on se dissémine. Car Ruby est comme un océan d'hémoglobine, le cuivre de ses desseins, de son passé, de sa douleur, de toute l'horreur. Actes infâmes d'un monde sans pitié : elle en est comme un écrin d'or, joyau extérieur ; lambeau intérieur.

Ruby est Pandore. Et j'ai bien eu tort de croire, un instant, qu'elle ait pu être Aurore. Elle est tout, et rien à la fois, tant, puis néant. Le chaos avant la reconstruction, pas forcément dans cet ordre. Le chaos et la reconstruction, pierre déconstruite, vestige, pierre fondatrice, résorbatrice... Elle est mon début et ma fin, le début de ma renaissance, et la fin de ma nouvelle vie. Mais pour vivre une unique fois, j'ai besoin qu'elle vagabonde entre ces deux instants perfides.

Entre fécondation et trépas.

Ange et diable gardien... Muse, Madone, Méduse — les trois M, écueil de désordre.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant