78 - sa fin n'a pas de durée

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Musique en média **

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Musique en média
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Tristan

Ô Rage, ô désespoir.

Elle est belle.

Ravissante.

Plus que dans mes souvenirs.

Stationnant dans l'auto, je fume ma clope, l'œil torve, l'esprit retors. Et ça, c'est de sa faute. C'est ce qu'elle a fait de moi. Elle m'a transformé... en ça. On est si semblables, dorénavant. Moi et mes vicissitudes auxquelles je ne pourrai jamais me soustraire : j'ai Gaël dans la peau.

Et franchement, ça démange.

— Tu crois qu'ils vont me garder enfermée ? Ah non ! J'ai rendez-vous avec Dylan ! Ça fait des mois que j'attends de le voir, j'en ai rien à foutre. Dis à Roland que je suis chez toi, Stacy, ordonne-t-elle en calant son téléphone sur son épaule, en fouillant une jolie pochette à strass.

C'est tout pareil
Elle prend le monde,
Je prends le blâme.

Elle a toujours aimé ça, Gaël. Les trucs qui brillent, qui attirent l'œil, qui claquent ; pas étonnant qu'elle m'ait tapé dans l'œil la première fois. À l'évidence, dans sa petite tenue de sequins, je n'aurais jamais pu reprendre mes fonctions cognitives en un temps record, lorsqu'elle a saisi ma queue pour en vérifier l'affûtage.

La bosse de ma partie. Dans le langage du billard, la bosse désigne une rencontre non prévue entre deux boules. J'ai menti en affirmant faire le point — fadaises ! Je ne me serais jamais douté du carambolage qui suivrait notre percussion. J'ai pris un élan, visant de ma queue de billard la carambole. La bille rouge. Elle dansait, en filigrane derrière mes nuages de nicotine ; et d'un souffle de tabac exhalé en frappant, je jouissais ensuite en elle d'une amplitude inouïe, sa chevelure ébène maillant mes doigts.

Et chacun de ses cheveux me serrait les doigts, comme si elle avait déjà commencé de me faire dériver dans sa toile. Ma Veuve Noire n'a rien de ces araignées, à part peut-être leur manque de scrupule : elle ne fait pas ça dans le dessein de survie, plus dans le mépris de ma masculinité.

J'étais... je suis fou amoureux de Gaël.

Lorsqu'on a commencé à se côtoyer, j'ai fermé les yeux sur mes sentiments instinctifs. On était fait l'un pour l'autre, c'était évident. Elle n'a jamais raconté son passé à qui que ce soit, avant moi ; ni à ce fils de pute de Dylan qu'elle prétend côtoyer, alors qu'ils ne se voient que pour baiser. Je le sais.

Avec son père absent, et sa mère qui l'a abandonné, comment aurais-je pu me douter que cette femme forte, aux déclinaisons de folie, cache en elle tant de douleur ? Ses yeux bruns hurlaient plus fort la débauche licencieuse que le reflux d'un passé ignoble.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant