UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]

18 - comme je pleure, sans les larmes

Musique en média.

— Déjà ? m'inquiété-je.

Ruby a faim, seulement, le sujet évoqué lui a visiblement coupé l'appétit sans que je ne comprenne pourquoi. Encore des mystères, toujours des mystères...

— Je n'aime pas ce plat.

— Tu m'as dis que tu l'aimais, contré-je.

— Non, je n'aime pas la viande ! Je suis végétarienne.

C'est reparti pour un tour... Tellement d'aplomb pour ce qui est de mentir, et tellement d'hésitation dans la vérité. Ruby n'a rien de normal. C'est peut-être la raison pour laquelle je suis irrésistiblement attiré à elle ce soir, comme un aimant impuissant.

Je veux comprendre.

C'en devient une obsession.

Mon addiction me fait la vie dure, un peu comme une véritable drogue mal coupée, que je me fous dans le système sans arrêt pour en détailler les hallucinations les plus compréhensibles...

Mais il n'y a rien de compréhensible chez elle. Tout est chimérique, et il me faut ses yeux pour le comprendre.

— Non, tu ne l'es pas.

— Si je le suis ! Je préfère les légumes, ça m'aide à tenir la ligne, sinon Julien me gronde lorsque j'ai pris du poids.

— Julien ?

J'arque un sourcil. Ça fait beaucoup de prénoms masculins dans sa bouche, et elle me fusille a la dérobée comme si j'étais censé savoir de qui il s'agit, alors qu'aucune Julien n'a interféré cette semaine dans sa vie.

Sa chronologie mémorielle est flinguée. Je n'ai pas été là depuis si longtemps.

— Mon coach ! Julien ! D'ailleurs, je crois que je devrais retourner à la salle dans pas longtemps...

Je dépose mes armes sur la nappe, croise les doigts sous mon menton, et la fixe un long moment en réfléchissant.

Bien sûr que j'aurais dû me douter que Gaël faisait du sport, bien qu'elle n'ait pas l'air très active, ses jambes fuselées, son tour de taille, et son dos finement taillé auraient dû me mettre la puce à l'oreille.

De même que son jogging de la dernière fois à l'échauffement connu, et aux étirements visiblement habituels.

— J'ai couché avec lui aussi, chuchote-t-elle.

Malgré son « aussi » faussé, je comprends rapidement que, cette fois, elle dit la vérité, en épiant le sol malgré elle, le teint pâle et les lèvres pincées.

— C'était comment ? demandé-je, en sentant le vent tourner, lorsque ses yeux s'embuent de nouveau, et qu'elle renifle en redressant le regard.

Elle reste un long moment à fixer ailleurs, sans cligner des yeux une seule fois, avant de se tourner vers moi en balbutiant.