57 - enthousiastes dans nos incartades, furieux de nos interludes

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Musique en média

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Musique en média

Ça fait mal !

Ça fait mal !

J'ai trop mal !

Je jette la couette, et quitte le cocon chaud de notre couche virginale, pour un premier soir à dormir, une nuit complète, dans les bras l'un de l'autre, arpentant le plancher en sentant mon hyper-ventilation me troubler l'équilibre. La quinte d'inspirations fugaces me monte au cerveau et se joue de mes vertiges, frappant le mur de ma paume en cherchant à me retenir à quelque-chose avant de sombrer.

Cauchemar.

Encore !

J'en gémis, blême et bleue, poussant le battant de la porte grinçante, avant de descendre les escaliers à toute vitesse, mes dents claquant leur surprise lorsque je m'emmêle et que je me rattrape à la rambarde glissante, finissant par tamponner le canapé en sentant les larmes brûlantes commencer à abonder sur mes joues.

J'aurais dû m'en douter, repousser l'inévitable, ce n'est pas y échapper. La torture commémorative a trouvé le moyen de me saisir : j'ai beau me coucher le plus près possible de son odeur, rien ne saurait l'empêcher de me harponner de ses lianes pour me muer vers le cauchemar, lorsque je clos les paupières. Pourtant, j'y ai cru !

Mon souffle brise le silence de l'aurore encore timide. Je contourne le meuble, taris mes larmes, passe la cuisine en me cognant aux casseroles au-dessus de ma tête, un plafond trop bas pour mes idées de grandeur, puis me propulse à l'extérieur d'une seule poussée, le vent fouettant ma face.

Ça fait mal !

Mal, mal, mal !

Suspendue à la clôture branlante, j'enchaîne des pas incertains en aplatissant ma paume glacée sur mon coeur battant d'une vitesse fracassante, une nouvelle alarme sifflant sa détresse. Animant mon corps, mélodie sans raccord, je me prends avec violence le retour de la clôture que je n'avais pas remarqué, elle-même muée par les rafales de vent, et m'étale de mon long, les étoiles clignotant dans la nouvelle fresque d'un monde coulant, dilué dans l'eau salée de mes larmes. Cette fois, l'espace inatteignable ne me dupe pas de ma puissance.

Je suis misérable, cueillie par l'horreur. Et contre ça... je ne peux rien.

Au terme d'un effort surhumain, je me redresse en geignant, les dents grinçantes, l'esprit complètement en déroute, et me perche aux raclures métalliques, m'élançant sans but le long des trottoirs en espérant quitter le pavillon, sans même une maigre idée de l'endroit où je me rends.

Peu importe, rien ne saurait être pire que ces souvenirs qui me reviennent lorsque je tangue comme un bambin dans le berceau de Morphée. Il me faut pourtant plus violent, plus brutal. Quelque chose qui m'écorchera à vif et me rappellera que... je suis là, ici, je vis, et la douleur n'émane pas de la chimère que je laisse me traverser. Elle est mon choix.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant