90 - Dylan a mal

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Musique en média

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Musique en média

— J'y tiens.

Un piètre sourire de revanche s'ébauche sur mes lèvres teintées. L'écrin dans les doigts, deux rubis allongés sur le coussin de velours, scintillant sous les rayons de soleil égayant notre shopping touristique, j'assens sans sentiments.

Nous avons repoussé la découverte des mangroves lorsque nous nous sommes aperçus que la gueule de bois de Stacy était plus tenace que les paracetamols que nous lui avons fait avaler — bien que celle-ci continue à jurer aller mieux, et pouvoir pagayer à s'en tordre les bras. Envahir les magasins bourrés de touristes, et saluer quelques autochtones en nous courbant poliment, c'est assez marrant au final ; mais ce qui l'est encore plus, ce sont les deux rubis que m'a offert Marcus qui se gratte le crâne, nerveux.

Tous assis à la terrasse d'un restaurant typique de Coron, lieu chaleureux aux teintes nuancées d'orangeade et de bois de jais, lino verni et poutre à la texture toutefois douteuse, nous apprécions l'astre solaire de retour. Et tandis que Stacy et les garçons nous ont quitté, tous sûrement complices de la lamentable tentative de rachat de Marcus, ce dernier m'offre deux éléments si contraires au lieu où nous séjournons, ou au bijoux que j'incarne.

Les personnes qui ne sont que de passage, et ne font que m'effleurer penseront à tort que le rubis est la première pierre auquel je fais allusion — simplement de par mon nom. Cependant... il en est tout autre. Tout pire. Car j'érige le diamant rouge au top de mon classement minéral. Alors je me contrefous de ses suppositions et de son acte, bien que je marque l'événement inédit d'une pierre blanche.

Marcus Corodro qui revient sur le passé pour espérer se racheter une conscience ; celle d'avoir tenu des propos sur une gamine en mal, endormie, dont la chance de survie était si... réduite. Lancer ce mouvement méprisable, digne d'un amant de bas étage éconduit qui déprise les mérites coïtaux de sa partenaire l'ayant quitté... c'est médiocre, hideux, et impardonnable.

Alors je lui jette l'écrin dessus, frappant son pectoral puis chutant entre ses paumes ouvertes par réflexe surpris, en vérifiant que les autres soient assez loin. À l'autre bout du bar en acajou, le nez froncé, Stacy se fait crier dessus par Pete, retenu par Sebastian qui tempère les choses, respectant son rôle de médiateur gai. Alors je profite de mes repères, et de mon manque de scrupule, aussi fadement que si j'énumérais les molécules du tableau périodique :

— Je n'en ai rien à foutre de tes excuses. Je ne porterai jamais tes bijoux, qu'ils aient appartenu à la Reine d'Angleterre ou je-ne-sais-quelle autre pétasse entretenue. Je me fiche de ce que tu crois savoir, et tes propos n'étaient pas diffamatoires, souris-je malingrement. Mais ça, qui le saura ? Je ne suis pas stupide, articulé-je en appuyant mes coudes sur mes genoux croisés, penchée vers lui, menton enfoncé dans la paume. Tu me prends pour qui, Marcus ?

— Qu'est-ce que...

Décontenancé, Marcus bat des paupières si rapidement que je crains une crise d'épilepsie. Les deux ornements hors de prix sont à ses souliers, deux pierres précieuses allongées sur le béton, parmi la crasse et l'insecte qu'il représente à mes yeux. Le vent tourne, le froid l'infiltre : le temps aurait pu se couvrir qu'il aurait le même poids d'horreur que le second sourire sardonique que je lui adresse, témoin d'orage et de désastre :

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant