UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]

84 - lady wood

Musique en média

— Attend chérie.

Mathieu pousse le battant en chêne de la villa, et me décharge instantanément de mes paquets d'achats en m'adressant un large sourire. L'instant suivant, je l'observe se frayer un passage le long des marches de marbre en l'écoutant rire avec mélodie lorsque je le taquine :

— Si jamais c'est trop lourd, fait moi signe.

— J'ai déjà porté bien plus pénible, répond-il en m'adressant un clin d'œil.

— Mathieu !

Je le tance comme s'il était un enfant, et il alimente cette idée en riant une nouvelle fois, visage rejeté vers le plafond voûté, tandis que je jette un œil aux alentours. Roland a bien voulu me céder la villa ; et si Mathieu en connaissait la raison, il me quitterait dans l'immédiat en m'insultant de tous les noms.

Ici... tout me rappelle Dylan. Je me berce de quelques flots d'images suaves qui me viennent en tête quand je me glisse dans mes draps, devenus nos draps — à moi et Mathieu ; lorsque je pénètre la salle de bain et souris en me couchant dans la baignoire. Je me souviens du jour où je l'ai aperçu au sortir de la couche, touffe en bataille corsée d'un regard diablement séducteur, sourire ravageur, et pectoraux saillant. Je bave en me rappelant la ligne creuse de ses abdominaux bronzés.

Je le chasse de ma tête en la secouant comme une maraca. Laissant traîner mon ongle le long des rainures de bois du bar, je réfléchis au fait que Lydia ait choisi de rejoindre le nouveau domaine de Roland, plus loin dans les quartiers provinciaux, et que seul Émile soit resté dans les parages, taillant ainsi les haies de temps à autres.

J'ai perdu quatre ans de ma vie ailleurs. Un monde où les rêves n'en sont pas, ou la réalité se confond dans l'irréel. Rêvé-je vraiment ? Et les propos de Dylan, étaient-ils réels ? Est-ce pour cela qu'il m'a quitté, ne m'a plus jamais donné de nouvelles...?

Qu'a-t-il une nouvelle fois appris ?

Sait-il pour ce soir là ?

Mon souffle se rompt sous l'intensité d'une angoisse qui referme sa prise en mon ventre. Je déglutis, penaude, et retiens un soupir ironiquement satisfait lorsque Mathieu m'effleure la nuque d'un mouvement rapide. Je crois qu'il est raide dingue de moi... mais je ne sais plus tellement différencier l'amour du désir libidinal. Quand il m'écarte sèchement les jambes, je vois que l'éclat de son œil se ternit indéfectiblement, que ses poings deviennent plus lourds sur mes hanches. Je n'aime pourtant pas qu'il me touche.

— Alors... tu t'es bien amusée, aujourd'hui ?

— Mh-mh... gémis-je en vérifiant mon téléphone.

Un appel manqué, trois messages, l'un de Roland. Je tremble en le glissant sur le comptoir, la nuque inclinée sur son épaule qui roule, son bras m'entravant ainsi l'abdomen. Un coup de hanche.