UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]

26 - Une folie raisonnée

Musique en média

Je frémis lorsque j'observe Ruby planter sa sucette dans sa bouche, puis pire encore, lorsqu'elle me tend les clés de sa F-TYPE SVR, un Cabriolet rouge sang métallisé qui me renvoie les faisceaux solaires droit dans les yeux.

Plantée à mes côtés, lapant une première fois sa sucette, je fixe la télécommande en attente dans ma paume, la bordure métallique me laissant lire les lettres capitales de la marque « JAGUAR », me laissant complètement abasourdi.

J'ai l'impression que ce minuscule instrument me corrode la peau d'une excitation puérile.

— Où est Elias ? l'interrogé-je, tous les deux plantés face au nouveau bijou patientant dans l'allée.

— Je te l'ai dit, sa petite est malade.

— Dans ce cas, qui a déplacé la voiture ?

Elle tire sur ma manche pour me faire abandonner ma contemplation : une télécommande noire et métallique imprimant l'intérieur de mes phalanges, et me sourit, de façon narquoise, en placardant son permis devant mon visage :

— Ce n'est pas parce que j'ai un chauffeur que je n'ai pas de permis, finit-elle par répliquer, avant de renfoncer sa sucette dans sa bouche en faisant le tour de la voiture.

Elle ne me lâche pas des yeux, même lorsqu'elle se trouve près de sa portière, et qu'elle y stationne quelques instants, avant de reprendre dans un attendrissement qui, chaque fois qu'il apparaît, me surprend indéniablement :

— Dylan, allons-y... Mes amis ne vont pas tarder.

— Est-il vraiment nécessaire de prendre la Jaguar pour faire quelques courses ?

Elle hoche la tête en dressant une mimique malicieuse sur les ourlets de ses lèvres qui accueillent sa sucrerie grisante, puis hausse les épaules, et m'enjoins de déverrouiller la voiture pour enfin y entrer.

Je m'exécute, elle clignote, rabat la capote électrique noire vers l'arrière, tandis que Ruby, avec toujours cet intérêt cultivé par mon être statique près du véhicule de luxe, saisit le garnissage de pavillon tout aussi rouge que la carrosserie en laissant glisser son derrière sur le cuir matelassé, tapotant la console centrale de son ongle peint.

Elle ne me presse pas, loin de là... j'ai même l'impression que c'est un tic intéressé, voire bienveillant.

— C'est une impétueuse, m'informe-t-elle. Ça va aller ?

Je lorgne la caisse de son aile arrière, traversant tout l'engin aérodynamique, visualisant le long capot nervuré, sa large calandre effilée, ses branchies verticales, négligeant même la présence de la diablesse, jusqu'au regard féroce de la bête, sans parvenir à retrouver ma voix.

Subjuguée, estomaqué, voire même désarçonné par cette anglaise envoûtante.

— Bien-sûr, assuré-je, lorsque je retrouve la fonctionnalité de mes cordes vocales. La question est : pourquoi la Jaguar ?