UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]

53 - aussi autoritaire que conciliant

Musique en média

Eladio m'entraîne littéralement vers la piste de danse, et me prouve qu'il est meilleur danseur que je ne l'aurais cru. Alors même que je vérifie nos pas de danse d'un œil taquin, m'efforçant de ne pas écraser ses baskets Nike de mes talons qui lui laisseront probablement une vilaine marque, je m'emballe et ris une première fois en rejetant mon visage vers le ciel, lorsqu'il bouge à toute vitesse ses pieds pour étaler sa connaissance en matière de breakdance.

Comme si jamais personne ne l'avait accompagné au beau milieu de la piste de danse, il se débride comme une petite teigne passionnée de danse, et gigote dans tous les sens pour me faire apprécier son talent entretenu par l'ambition. J'en gémis d'amusement, et fléchis mes genoux pour me mettre à sa hauteur, touchant le bout de son nez de mon index lorsque', essoufflé, il opère une brève pause dans sa témérité entraînante.

— Je dois t'avouer quelque-chose, Eladio... T'es carrément le meilleur danseur aux alentours.

De ce fait, je me le mets dans la poche. Eladio est un petit garnement qui pourrait m'être utile, dans ce milieu où je ne comprends qu'un mot sur quatre, mais aussi, et surtout, car j'ai remarqué les regards meurtriers d'Ana-Luisa suite à son approche. Deux raisons s'offrent à moi : c'est son petit frère, ou celui de Dylan. Mais comme Eladio est plus frais et innovant qu'elle n'est garce et hypocrite... la balance penche plus en faveur de Dylan.

Et c'est une aubaine ! Les enfants fouinent coins et recoins. Ils s'immiscent dans n'importe quel pièce ! Alors quand Dylan disparaît, le téléphone accroché à l'oreille, et que l'intrépide Ana-Luisa se jette à sa poursuite, je ne bouge pas le petit doigt, cependant...

— Dis-moi, Eladio. Puisque tu es si bon danseur, tu dois avoir d'autres talents, non ?

— Oui ! Oui ! Pleins !

Il saute à pieds joints en laissant ses poignets frétiller dans l'air, ses mèches torsadées volant avant de retomber sur son crâne, ses lèvres fines avalées par ses dents nerveuses. Je me penche à son oreille et ose :

— Bien. Alors montre moi tes talents d'agent secret. Va surveiller Dylan en cachette pour moi, et si tu réussis... j'ai repéré une boutique de glace pas loin, ça te dit ?

— Est-ce que c'est celle d'oncle Manuelo ? déplore-t-il, les lèvres s'animant pour faire fi à son dégoût.

— Non, mens-je — si facile de berner un enfant ; c'est mieux que ça, et tu auras le nombre de coupe que tu souhaites !

— Je peux en avoir deux ?

— Même plus !

Il lâche un couinement surpris, ses deux larges opales s'ouvrant plus large encore, au beau milieu de son visage lisse, aux joues rebondies, puis il me tapote amicalement l'épaule en acquiesçant, avant de me tendre sa main que je serre, scellant ainsi mon petit pacte perfide. Les gens m'auraient détesté.