70 - la fatigue [...] que le sommeil ne saurait apaiser

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La jambe nue de Ruby glisse entre mes cuisses, tandis que sa joue remonte le long de mes clavicules pour se border dans mon cou

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La jambe nue de Ruby glisse entre mes cuisses, tandis que sa joue remonte le long de mes clavicules pour se border dans mon cou. Du bout des doigts, elle trace une ligne horizontale juste sous mes côtes, sans que je ne comprenne réellement à quoi elle s'adonne.

— Tu sais c'est quoi le plus étrange dans tout ça... finis-je par chuchoter.

Elle lève le menton vers moi, tendant éternellement son oreille pour continuer à m'écouter, mes paroles contant ma course-poursuite entre moi et mes cauchemars. Nos pas nous mènent doucement vers la droite, d'une cadence tendre.

— Dit-moi, l'entends-je m'encourager.

— Ce jour-là, c'était à moi d'empêcher ma mère de tomber sur... ça. Ce jour-là, j'aurais dû rentrer plus tôt au lieu de me bastonner dans les rues. Ce jour-là...

Elle me serre plus étroitement dans ses bras.

— J'aurais pu l'empêcher de... de faire ça.

— Dylan, toi qui es si pieux, tu ne penses pas...

— Je vois où tu veux en venir, l'arrêté-je, un sourire amer tissé sur mes lèvres. Disons que je prône plus le libre arbitre et suis conscient que ce sont nos choix qui déterminent notre avenir.

Tant de choses auraient été différentes, si j'avais ne serait-ce que bouger un petit doigt un peu plus tôt. Osé l'insupportable. Prié avec plus de ferveur. Dorénavant, même mon chapelet désuet paraît me brûler la paume, avec autant d'agressivité que le font mes cauchemars. Tous les éléments ayant appartenu à cette période me rendent dingue. Celle que je fuis, à l'heure d'aujourd'hui, c'est peut-être bien ma mère. Son regard à elle. Les mêmes yeux que Dulce.

Pourquoi s'acharner à me tourmenter...

— Je n'ai pas vu le corps pendu de ma soeur. Jusqu'à la fin... j'ai détourné le regard.

— N'importe qui l'aurait fait...

— Non. Jusqu'à la fin, j'ai été lâche, grincé-je, le corps bandé sur une répulsion acerbe. Jusqu'à la fin, je n'ai pas osé la confronter. Je ne sais même pas quelle expression était peinte sur ses traits, je ne sais même pas à quoi elle ressemblait. Quels vêtements elle portait... Je n'ai pas regardé. Tout le long, je lui ai tourné le dos. Durant son calvaire, je m'affairais à assurer ses arrières en défonçant la racaille de mon espèce pour leur outrage, mais jamais je n'ai songé à son futur.

— En tant que frère, Dylan, commence doucement Ruby, je pense qu'il est normal que tu aies réagi ainsi en primant le déshonneur de ta sœur. Il y avait quelque chose à venger...

— Mais j'étais obsédé par ça ! Pire que de ne pas la regarder, Dulce, je ne la voyais plus ! me lamenté-je, la voix abrutie par nos pas flottants tant qu'il me parait voler dans ses bras. Peu importe que j'aie un jour tourné les yeux dans sa direction : je ne voyais que cela ! Son déshonneur. L'infâmie. La douleur. Son viol, éructé-je péniblement, un sanglot diffus circulant entre les syllabes.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant