66 - m'enterrant pour mieux revivre

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Mon horloge numérique indique deux heure du matin quand je me réveille, arraché à mon sommeil cauchemardeux

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Mon horloge numérique indique deux heure du matin quand je me réveille, arraché à mon sommeil cauchemardeux. Comme si la main de Dieu avait plongé en ma cage thoracique pour presser mon coeur et son pus histoire de le ranimer, je me redresse à bout de souffle dans le néant, mon organe vital palpitant comme un tambour sur lequel on s'acharne. Mes viscères se desserrent et ma gorge se délie peu à peu sur une longue plainte qui fait vibrer mon torse, lorsque je retombe dans la couche en me tordant de douleur.

J'ai mal. Partout, et nul part à la fois. Au cœur, au corps, au crâne, c'est palpable, mais c'est pas là. Peut-être à l'âme aussi.

La sonnette filtre le silence opaque de mon appartement. Raide et éreinté, les membres douloureusement guindés, je me craque la nuque une première fois en essayant de retrouver un souffle correct, et me questionne sur l'identité de la personne derrière la porte. Il est deux heure du matin, putain. Je commence tôt, moi, demain.

Visiblement, la personne est peu encline à la patience ; car comme s'il était inconcevable que je sois en train de dormir, elle presse et presse la sonnette à plusieurs reprise en me faisant grincer les dents d'une rancune inefficace. Un son étranglé m'échappe, je roule sur le côté, m'avachis au bord du lit en chassant l'humidité de mes joues, et me rends compte que je baigne dans la sueur. Faut croire que tous mes pores se sont dilatés dans l'horreur. J'en grogne de frustration, et dévête d'un tour de main mon tee-shirt collant en le laissant glisser au sol.

Ma respiration hachée et tumultueuse réfrène son ardeur, et je parviens à me transporter jusqu'à la salle de bain pour me passer un coup d'eau rapide sur le visage, alors que la tonalité en deux temps continue à s'inviter entre mes murs. Le contact de l'eau froide m'aère un instant l'esprit, si bien que c'est parfaitement éveillé et conscient que je me traîne en tonnant : « Ça va, j'arrive ! » jusqu'au chambranle auquel je m'appuie, coude au-dessus du crâne.

La clé pivote vers la droite, le loquet se rétracte sans anicroche, le battant quitte l'encastrement de la feuilletine, et une chevelure de feu frappe ma porte pour entrer en trombe, un ongle nerveusement calé entre les lèvres, ses sourcils tremblants sans trouver la torsion adéquate révélant le sentiment qui la taraude. Vanessa rase mon mur, s'évase vers la gauche comme si le monde adoptait la direction de ses pas, puis pivote vers moi d'un air catastrophé.

— Putain, Dylan, j'ai la frousse. Je suis genre, en panique totale, tu comprends ? Ça se voit putain, j'ai un bouton qu'est sorti sur l'menton. Merde, merde, merde...

— Vanessa... tenté-je.

— En plus, j'ai joué toute la nuit pour être prête, j'ai raté deux fois le bémol de « One for me », tu sais avant « and if you too... you watch me like this... ».

Elle tape du pied en chantant, me foudroie d'un regard éploré, puis secoue sa masse de boucle cuivrée en reprenant avec plus d'assurance le refrain, mais se stoppe.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant