76 - les miraculés

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— J'ai été adopté par mon oncle à l'âge de cinq ans

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— J'ai été adopté par mon oncle à l'âge de cinq ans. Enfin, officiellement. Officieusement, je vivais chez lui depuis mes quatre ans : c'était le seul membre de ma... famille ? qu'il me restait, hésité-je, butant sur certains mots.

Couchés sur la banquette arrière, nous avons su résister à l'appel de la chair pour des caresses toute en sensualité. J'ai beau être nue dans ses bras, nous n'avons rien fait, bien que le sexe de Dylan se tende contre ma cuisse, sous tissus rêches, et que ses yeux me contemplent de la tête aux pieds.

Perdus près d'un nouveau champs, il est près de midi, et ma tête bascule vers l'extérieur, l'air frais me baisant les joues.

— Hum...

Un hoquet me coupe la parole. Pour parler, j'ai eu besoin d'un petit remontant. Ou plutôt d'un liquide encourageant. Alors c'est sans grande surprise qu'une bouteille de whisky a roulé sous la voiture sentant le tabac tout juste souffleté : je suis en train de fumer. Ça aussi, ça m'aide un peu à me décontracter.

— J'ai rencontré mon cousin à ce moment : Ruth. Un gamin qui vivait beaucoup trop fort à mon goût. Il courait partout, me chamaillait à la moindre occasion. Enfin, il était jaloux, quoi. N'importe quel enfant refuserait d'en voir débouler un nouveau. Il croyait que j'allais lui voler son père.

La pulpe brûlante de l'index de Dylan virevolte près de mon nombril, là où un lien imaginaire s'est défait à mon âge le plus tendre. Sèchement, je le jette ailleurs, mais il me sourit piteusement, et m'embrasse du bout des lèvres en tendant l'oreille, angoissé sans le prouver, plutôt en le montrant sans le remarquer : il cligne des yeux plus rapidement que d'habitude.

— Alors, au début, on se haïssait genre... tellement. On pouvait pas se blairer, c'était un gros con, j'étais une gamine perdue qui ne comprenait que la haine. Pas ma faute : j'ai jamais connu l'amour.

Le visage de Ruth s'imprime sous mes paupières. L'angoisse la plus totale, lui et ses sourcils constamment arqués, fouillis, dressés vers le ciel. Il avait un nez empâté, et les yeux noirs. Ses lèvres étaient aussi fines qu'un trait de stylo, tout juste la place pour quelques cicatrices d'enfants turbulent. Quand j'y repense, je me demande encore comment les établissements que l'on côtoyait n'ont pu remarquer notre état : avec nos peaux pâles, on avait l'air de deux cadavres ambulants.

— Il a changé du jour au lendemain. Comme ça, pouf ! Ruth s'est transformé au moment où il a commencé à s'intéresser aux filles...

Mes yeux dérivent vers Dylan, et son regard implacablement planté dans le mien. Ivre d'informations, heureux du déliement de mes mâchoires, il boit mes paroles comme s'il en coulait du sucre. Addictif. Addict. Épris. Amoureux... Terrifié par la suite des événements. Son pouce stagne dorénavant dans mon nombril. Statique, et figé, il lorgne mes lèvres lorsqu'elles s'entrouvrent pour poursuivre :

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant