13 - incarnant l'idée de désincarnation révoltée

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Une dernière petite retouche : je coule mon doigt sous ma lèvre inférieure, vérifie mon rouge à lèvre écarlate, et sourit à mon reflet non sans me féliciter de l'effet trompeur que je me renvoie avec aisance

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Une dernière petite retouche : je coule mon doigt sous ma lèvre inférieure, vérifie mon rouge à lèvre écarlate, et sourit à mon reflet non sans me féliciter de l'effet trompeur que je me renvoie avec aisance.

Je n'ai pas l'air de Gaël Richmond, avec cette perruque sur la tête, ce maquillage trompeur— le contouring fait des merveilles— mais ce, surtout grâce à mes lunettes, et ma tenue séditieuse : une robe moulante au décolleté carré, d'un rouge ni édénique, ni maléfique.

Peut-être les deux en même temps.

J'agrippe mon papier griffonné, saisit le rouleau de scotch emparé dans le fond d'un tiroir centenaire, une commode en héritage d'une vieille tante de Roland, laquelle lui a légué un mont indéfini de meubles anciens, de mobiliers antiques et probablement très coûteux pour ce qu'ils ont d'authentique.

Je déchire le pan collant avec les dents, colle les deux bouts de scotch en partie sur la feuille A4 chiffonnée, et la plie soigneusement pour la garder dans mes mains en attrapant, ensuite, ma pochette argentée.

Près de la fenêtre dont le voilage bronzé ondule sous la bise agréable, un dernier élan de crainte déguisé en hésitation me saisit... Que je tais en me rappelant avoir oublié mon paquet de cigarette.

Une fois dans ma main, je me hisse de l'autre côté du carcan étouffant d'une villa si immense qu'elle me donne la nausée et des vertiges, et je vérifie les tuiles du perron en contrebas, me questionnant réellement sur ma persévérance et mon désaccord ayant entraîné cette situation.

Ce soir, rien que quelques verres pour avoir l'aisance d'esprit de comprendre comment remonter à ma chambre à la façon du prince de Raiponce. Pas de fumette illégale, pas de drogue nocive, pas de comprimés nouveaux et surtout... Pas de sexe. Pas de verre volés aux autres, pas d'attitude à risque.

Pas de gueule de bois.

Je dois rester aussi intacte qu'un poupon fragile.

M'aidant des tuyaux extérieurs, je parviens à hisser la pointe de mon talon jusqu'à la pente de la toiture basse, et saute dessus sans réfléchir. Je tombe sur le coude, dévale la pente en roulant, griffe l'une des tuiles en couinant de douleur, avant de finir ma course dans les buissons entourant l'allée centrale en plaquant brutalement ma main sur ma bouche, mordant dans ma paume en serrant les dents pour me taire.

Quelle idée de merde !

Génial, ça m'a valu une ribambelle d'écorchures sur les bras et les poignets, ainsi que sur mes cuisses claires dévoilées.

— Fais chier, pesté-je,

Quittant le cocon de broussaille, je réajuste ma coiffe, et chasse les feuilles mourantes, ainsi que les branchages craquelés.

Je déloge la sucette de ma pochette en entamant ma descente de la rue, évitant l'éclairage des poteaux enluminant l'énième déboire qui pourrait me maudire à jamais. Jurant une nouvelle fois, brandissant mon téléphone pour notifier Stacy d'un message, je m'arrête en plein élan en observant une voiture, au fin fond de l'allée, faire un appel de phare dans le silence obscur.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant