14 - un passé si traumatisant qu'il persiste jusqu'au présent

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Musique en média

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Dylan

Gaël ment.

Gaël ment tout le temps.

Parfois verbalement, parfois physiquement, parfois par omission.

Elle a menti en me proposant une aide, a menti en masquant ce qu'elle ressentait réellement pour son petit éden délabré, ment constamment par rapport à l'intérieur de son être ruiné, et ne cherche même pas à prétendre à la reconstruction.

Gaël est une auto-destructrice née. Un diablotin démolisseur qui ne s'en prend à rien d'autre qu'à soi. Un chaos qui ploie vers l'abîme, vers ce qui lui ressemble le plus.

Gaël aime se balader le long des routes, toujours le plus près possible des automobiles qui foncent à toute allure, menaçant continuellement la sécurité que je lui voue, celle qu'elle a délibérément absoute pour purger son être de tout espoir possible, de toute rédemption imaginable, de tout salut fumeux.

J'ai parfois peur qu'elle ne se jette en travers, bras en croix, signe de reddition, rendre les armes et cesser de se battre contre une sorte de destin qui lui paraît inévitable.

Gaël aime le vertige. Souvent, je l'ai observé se pencher près du pont ceignant son université, prétextant vouloir observer les poissons de près, là où ses yeux redéfinissaient pourtant l'abstraite conception d'un vide qui la grignote peu à peu, la ramollit au fil des jours.

Près de sa fenêtre, parfois, je l'aperçois, l'air d'une Raiponce des temps moderne, faire tout autre que ce qu'une personne normale ferait : contempler l'horizon. Gaël, elle, guigne en contre-bas, fixe l'allée de gravier, imagine probablement l'étendue de son corps baignant dans la marre écarlate, l'étalement de son hémorragie évidente.

Gaël traverse sans surveiller à droite et à gauche. Elle se lance juste avec assurance le long des passages cloutés, les yeux dans le vague à sembler espérer l'auto-tamponneuse mortelle, ralentissant parfois la marche en inspectant ses talons immaculés.

Gaël laisse flamber des cierges toute la nuit, près de ses rideaux, sans y porter attention, et j'observe la fumée évacuer par la fenêtre entrouverte, l'épaisse cautèle embaumant l'air frais de minuit, entérinant son expectative de ne pouvoir contempler le nouvel aurore.

Gaël fume beaucoup, souvent lorsqu'elle est nerveuse, triste, ou en colère— tout le temps. En soirée, elle boit beaucoup. Elle ne compte pas les verres qu'elle ingère, et ne les surveille même pas. Elle se fiche de boire dans ceux d'inconnus, ne se soucie pas de l'idée de drogues nocives s'étant épanouies dans le liquide, tout cela pour ne serait-ce qu'espérer fuir le quotidien.

Et surtout, elle ne se préoccupe pas de l'idée de soirées amnésiques d'amusement. Elle vit chaque soir en l'oubliant le lendemain, cultive la fantaisie transitoire pour une vie d'omission. Car l'omission est volontaire, dans son cas.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant