UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]

12 - étrangers à l'anamnèse si familière.

Je redresse la perruque, réajuste quelques estafilades de mèches cuivrées sur mon front, et hoche la tête de droite à gauche en vérifiant que les faux-cils— que je n'ai pas collé; il ne s'agit là que de l'ébauche auquel je consacre mon temps avant l'heure prévue— ne bouge pas d'un poil et allonge suffisamment mes yeux.

En soi, le résultat n'est pas si mal, d'autant plus qu'il sera mieux retravaillé pour l'occasion. Dans l'appartement, l'ambiance sera si tamisée, voire sombre, que je ne pense réellement pas que je puisse me faire attraper. Et puis, dans le cas contraire, je suis sure que Stacy a plus d'un tour dans sa manche.

Elle est comme ça, elle surévalue toutes les situations, et toutes leurs possibles débouchées.

Je soupire, laisse glisser la masse écarlate sur mes épaules en continuant à me fixer dans le blanc des yeux, cherchant à dénoter un quelque chose qui m'anime, dans le fond de ma prunelle, planqué derrière le brun de mes iris, quelque part dans les grands yeux offerts par ma mère...

De si grands yeux pour un champs de vision si limité.

Quel gâchis.

Nouveau soupir, je jette mon regard ailleurs, pose mes mains sur le lavabo pour me suspendre à quelque chose, avant de finalement opter pour l'idée de retourner m'affaler sur le lit king size offert par Roland l'année dernière, à mon anniversaire auquel il n'a pas pu assister, étant donné qu'il avait un rendez-vous en Afrique pour passer en révision les avancées permises par sa récolte de biens, renflouant les comptes de l'une de ses fondations.

Si Roland fait réellement ça par souci de charité ou non ? Je n'en sais rien, toujours est-il que ça a été plus facile pour moi de l'accepter cette fois-ci, que l'année d'avant : c'était pour un gala auquel il n'a convié que sa compagne temporaire de l'époque— alors que c'était mon anniversaire ! laquelle n'a fait effet que le temps d'un clignement d'œil.

Un mois, dans l'existence monotone de Roland, avant qu'il ne comprenne la façon sournoise dont elle s'y prenait pour peu à peu s'immiscer dans sa vie et lui extorquer une partie infime de son patrimoine exorbitant.

En étoile sur la couette matelassée parée d'une housse de soie qui rafraîchit ma peau, je glisse mon regard vers l'astre amorçant sa descente trop lentement à mon goût, dans le ciel clair.

Je m'ennuie depuis que je suis rentrée de mon cours. Tellement.

Le coup de fil de Stacy était un peu le foudroiement d'un défibrillateur qui a ranimé la persévérance en voie d'extinction, rien qu'en lui offrant une perspective de pause transitoire.