46 - fragilité masquée derrière une férocité incontestée

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Musique en média

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Musique en média

— Dégage, dépêche, l'enjoint Ruby, la respiration difficile.

Ledit Mark — orgasmique ; ricane, reboutonnant son pantalon, et glisse sa silhouette à l'autre bout de la large pièce, approchant la baie-vitrée pour la palper.

— Je n'ai encore jamais obtenu cette suite, souffle-t-il. Cette vue, putain... Regarde en bas, on voit Central Park.

— Je sais, Mark. Je suis là depuis deux semaines, déclame Ruby, ennuyée. J'ai envie de rentrer en France, moi. Je m'ennuie ici...

— Tu rigoles ! Je suis arrivé il y a trois jours, et je regrette déjà de ne pas avoir passé mon temps à visiter Manhattan. Au lieu de ça, je m'emmerde dans les bureaux, je visite de nouveaux édifices, je rencontre quelques patients, et je fouille les paperasses avec mon père toute la journée. Je mange, je dors, je chie « médecine » et son arsenal d'obligations.

— Dégage ! poursuit Ruby. Casse-toi, tu n'es pas venu pour ça, alors maintenant, prend la porte !

Ce dernier sursaute brutalement, et se baisse pour saisir son tee-shirt et le passer, sa veste au sol, à quelques mètres de moi.

Moi, le regard noir, et les yeux perfides. Moi, les muscles contractés au maximum si bien qu'ils pourraient se déchirer, et me faire hurler de douleur. Moi, en gestation sur le tapis améthyste, ruminant de haine et inspirant avec rage. Mon coeur se dilate et devient un gouffre béant. Je vois rouge.

Je vois noir.

Sanguinolent et tranchant.

Le filtre de ma colère se déploie en filigrane par-dessus mon regard sur le monde. Je pourrais saisir Mark, lui briser les doigts, un par un, en y prenant un plaisir malsain, puis lui décrocher ce sourire suffisant lorsqu'il boucle sa ceinture en admirant le corps nu de Ruby, lui tordre ses deux bras qui hésitent à la caresser une dernière fois, avant de s'y résigner, puis finalement lui péter les rotules à coups de batte de baseball, pour que plus jamais il ne se repointe ici.

Oh ! Comme je pourrais...

Mais je n'ai rien à faire là. Je suis un étranger qui se pointe et dérange le coït de deux préadultes, et qui, comme un crétin, se retrouve a devoir se planquer dans le coin le plus sombre du salon — tout près d'un large colonne en demi-cercle, et le voilage violet de rideaux tirés ; car je n'y ai pas droit.

Ruby est une pomme rouge tentatrice, mais un fruit défendu auquel je n'avais pas droit, et auquel je n'ai toujours pas droit. Notamment au vu et au su de tous.

— O.K, O.K... pas la peine de monter sur tes grands-chevaux !

Il saisit son téléphone qui clignote, tout près d'un pot de fleur qui s'harmonise élégamment avec la décoration raffinée, coussins mauves, petit lustre atypique, pouf et canapé crème et verrerie.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant