55 - ne souhaitant pas le vouloir

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Musique en média

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Musique en média

Ruby

— Dylan, laisse moi goûter ta brochette !

Je prend son bâton de bois pointu autour duquel stagnent bouts de viande de bœuf, poivrons grillés, quelques cercles d'oignons, et, pour sa part, un carré de piment, puis mords dedans avant de lui sourire.

— Tu as exactement la même, rit-il.

Je hausse les épaules, puis laisse tomber mon crâne contre son épaule, lorsqu'il serre les miennes. Son regard ne cesse de dériver vers Ana-Luisa, et je vois dans ses yeux, et dans les contractions involontaires de ses maxillaires, qu'un truc ne va pas. Sa présence parasite infeste notre air, et moi, j'en profite pour en rajouter des caisses, histoire de bien faire comprendre à cette garce que leur histoire, c'est du passé. Un passé oublié, un passé enterré, me laissant danser sur sa tombe.

J'en frétille de joie, lorsqu'il s'agit de glisser ma main sur la nuque puissante de Dylan, caressant l'or de sa peau en enfouissant mes doigts dans sa chevelure, puis l'inclinant vers moi. Nos fronts se cognent, ses yeux me sourient, autant qu'ils s'étonne de ma témérité.

Comme s'il ne me connaissait pas, depuis le temps !

Autour de la longue table, qui répond plus à un système de mise en place de dizaines d'entre elles en longue file, toutes drapées de plusieurs nappes, et ayant rapproché chaque chaise pour que l'on puisse manger tous ensemble, plus personne ne nous accorde tellement d'attention, à part ses amis qui continuent à le taquiner en espagnol, et sa mère qui clappe des mains chaque fois qu'un truc nous rapproche.

Comme dans l'instant, avant qu'Odette, trentenaire blonde à la crinière aussi dense que la mienne, ne la réprimande en abrutissant sa joie.

— Tu n'arrêtes pas de la regarder, tu me caches quelque chose ?

Nos peaux se délectent de notre proximité étroite. Nos souffles se confondent, et mes cheveux sont épris par ses doigts sévères, lorsqu'il glisse à son tour sa main dans l'arrière de mon crâne en closant les paupières. La lourdeur de son expiration témoigne de sa récalcitrance qu'il finit par abandonner au profit de ma curiosité.

— Qu'est-ce que tu veux savoir ?

— Combien de temps ?

Je mords à nouveau dans sa brochette, dont il détourne savamment le pic comme si je risquais de m'y empaler, puis il glisse à son tour sa langue sur la chair assaisonnée, mâchant avant de m'apprendre :

— Quatre.

— Quatre mois ? interrogé-je.

— Quatre ans.

Une corolle glacée me saisit les tempes. Ce n'est pas ce que je croyais. Je recule impulsivement, cligne des paupières à toute vitesse en revoyant mes conjectures, et sens ma respiration devenir trop lourde à expulser. J'en frissonne d'horreur, à me demander ce qu'ils ont bien pu foutre ensemble pendant quatre ans. Dylan n'a rien à voir avec elle... comme il n'a rien à voir avec moi. Je me mords la lèvre inférieure, pivote vers mon assiette cartonnée, et feins l'ignorance en glissant ma cuillère de paëlla entre mes lèvres. C'est une chance pour Dylan que l'on se trouve sur « son terrain ». Autrement, je sais que j'aurais sauté sur le premier homme et l'aurait rendu malade de jalousie pour le punir. Ici, aucun de ses amis ne m'accorde un centième d'intérêt.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant