UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]

71 - Un meurtrier justicier

Allez, un petit dernier pour clôturer la nuit, puis on reprend le fil de l'histoire en catastrophe 😉.

Musique en média

Le coup de feu retentit à travers la terre aride, en écho lointain. Le cinquième de la soirée. De concert avec mon poing que j'écrase sur la gueule d'un type qui bêle.

El Lobo a grandi.

— Parle, cabrón, l'enjoins-je, implacable.

L'odeur métallique du sang épais est devenue l'un des parfums les plus anodins à mes narines, à ma vie. C'est presque un bercement, lorsque je ne peux résister à l'appel de la nuit, un corbeau noir patientant en bas de chez moi pour nous mener à travers le labyrinthe medellínense sur des bolides aussi rapides que l'éclair. Je connais ces ruelles par cœur, elles sont le dédale de mon esprit fumé, celui dans lequel se sont trop pavées les épisodes abjects de ma vie.

Nightcall, comme se plaît à appeler, mon compagnon de crimes froids, nos escapades nocturnes. Car bien que je sois devenu un criminel notoire des rues de Medellín, un parmi tant d'autres, je ne suis rien face à l'assassin qui flâne à mes côtés. De ses yeux à l'ambre acier, à ses maxillaires jamais dénouées, jusqu'à sa posture glaciale en l'instant, il fume sa clope et décerne l'une de ses balles d'or au mec que je placarde au sol.

Son crâne se perfore d'un trou large comme une pièce, tandis que ses yeux se révulse dans le mensonge d'une vie fugace, avant qu'il ne retombe mollement dans mes bras bandés. Je suis devenu plus fort qu'avant. Plus distant. Peut-être un peu plus froid. Je suis devenu fou, comme se plaît à le certifier ma mère au téléphone, à quelques unes de ses amies :

   « — Dolorès, je ne sais plus quoi faire... Dylan est devenu complètement fou. Il ne dort plus la nuit, il n'est pas là le jour, je ne sais plus ce qu'il fait... Dios mío, j'ai l'impression que prier le Seigneur ne m'est d'aucun secours... »

Mamá... ton fils n'est pas seulement devenu fou, c'est devenu un meurtrier. Un meurtrier qui enterre ses propres cadavres.

— Tu es sûr de ton info ? questionné-je.

L'ombre fumante à mes côtés émet un rire cynique qui me hérisse les poils, avant d'avancer son regard plongé dans la noirceur vers moi, me laissant découvrir cette face amorphe qui me vrille les ventricules. Je ne sais toujours pas si je peux lui faire confiance, toujours est-il que son efficacité entérine son expérience.
C'est un professionnel de la tuerie impitoyable.

— Dans ce monde, Dylan... On est jamais vraiment sûrs de nos infos, capicse ?

Je serre les dents en me retenant de me jeter sur lui pour lui défoncer la tronche. Mes doigts tremblent et se raffermissent, pour éviter la prise de risque qui me fera m'étendre de tout mon long sur le terrain brûlant, d'une simple balle d'or sifflante. C'est un as de la défouraille : seul Lucky Luke pourrait rivaliser contre lui, il tire plus vite que son ombre. Ce connard revient chaque soir en me promettant des informations, mais j'ai bien l'impression qu'il me mène par le bout du nez pour effectuer d'autres travaux inutiles. Comme si j'étais aussi le compagnon qu'il cherchait aveuglément.