11 - L'échec mat d'une existence lustrée.

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— Qu'est-ce que tu sous-entends ?

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— Qu'est-ce que tu sous-entends ?

La voix de Roland est si froide et distante que je regrette aussitôt de m'être présentée, qui plus est, durant le laps de temps qu'il consacre habituellement à ses tâches professionnelles subversives. Laps de temps primordial de sa vie, qui dure à peu près vingt-trois heures sur vingt-quatre; il passe la dernière heure à se renseigner sur les retombées efficaces de son ingéniosité, et se félicite, seul, d'être aussi compétent.

On peut dire que Roland fait partie des victimes de la solitude engageante, mais contrairement à moi... Il l'a choisit.

— Que... Dylan n'est pas aussi fiable qu'il le prétend...

Ma voix mesquine a déserté mes cordes vocales, mais bien que je me veuille digne de confiance, d'intérêt, et surtout objective, j'admets que face à la colère noire qui lui fait froncer les sourcils, mon jeu d'actrice me fait faux-bond. Surtout enfermée dans son large bureau dont les délimitations m'ont l'air de rétrécir, rétrécir, rétrécir...

— De quelles genre d'attitude tu parles ?

Au moins, je suis certaine qu'il n'est pas au courant de notre « rapprochement » malsain détrompant notre relation professionnelle : l'empiètement du privé par delà la ligne rouge le mettrait hors-de-lui, et c'est la raison pour laquelle je dois, moi-même, me hisser hors de ce jeu, parce que visiblement... Roland ne voulait pas non plus que Dylan ne se corrompe pour me garder dans la main.

— Je sais pas, quelques compliments déplacés et une attitude grossière. Tiens ! Rien que la soirée dernière...

Je m'étouffe dans mes propos, et ravale mes mots avant de m'offrir en pâture à Roland qui me suggère, m'oblige, à révéler ce que j'essaye de taire.

Il se penche sur son bureau poli, accole l'un ses coudes au tapis de souris de son iMac, et l'orage tempêtueux en approche se reflète clairement dans le fond de son iris éclairée par la réflexion du lustre sur ma tête.

Je pourrai le deviner se métamorphoser en épée de Damoclès, laquelle n'hésitera pas à me larder sans hésitation, si jamais Roland le décide.

Parfois, il est si impénétrable que je me demande si la moindre chose qui pourrait m'arriver l'émouvrait réellement, ou s'il feindrait l'intérêt parce notre lien le réclame.

— Où étais-tu, la nuit dernière ? bougonne-t-il, en déchaussant habilement ses lunettes, les gardant perché dans l'arc de son index et de son majeur gracieux.

Il roule sa chevalière autour de son annulaire gauche.

Bon. Ça sent mauvais. Très, très mauvais. Les tics qui le prennent marquent, comme des pointillés nécessaires, le calme avant la déflagration de l'explosion.

— Chez Stacy, assuré-je aussitôt, en me pinçant les lèvres.

Je dodeline sur mes talons, plantée face à son bureau comme une nouvelle secrétaire confrontant le big boss de la société, laquelle frémit face à son air revêche.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant