39 - débris de lune cachés dans les rayons

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Ruby

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Ruby

Les galas, c'est l'horreur.

Non, pire encore, c'est l'enfer.

Voir ces gens par centaines se presser dans l'immense salle qui s'avère être une véritable tanière carrelée à la tendance street, les briques rouges prenant possession de l'entière façade d'où se détache le podium, en trinquant à je-ne-sais-quoi, s'adressant des sourires hypocrites pour je-ne-sais-quelles raisons, et feindre l'intérêt et la joie... ça me ressemble plus que je ne souhaite l'admettre.

Le problème, c'est qu'on se reconnaît mieux entre hypocrites que si l'on est face à un innocent. Comme le menteur devine plus aisément l'autre menteur.

C'est instinctif.

Alors pénétrer cette jungle raffinée où je n'ai rien de différent en soit, ça m'a fait ronchonner tout le long du vol vers Manhattan, et pire encore la semaine précédente durant laquelle je me suis fait une joie d'ignorer Dylan.

Et cet idiot n'a toujours rien compris. Dans ses yeux, je le vois, l'incompréhension qui tranche avec son désir permanent : j'ai éveillé l'homme en lui. La bête primaire qui s'accorde enfin le plaisir sexuel. Le plus intéressant dans cette histoire, c'est le fait qu'il ait l'air complètement frigide près d'une autre, alors que ses pupilles ne cessent de se diriger vers moi, notamment après que j'ai passé une somptueuse robe signée Valentino pour l'occasion. Une première couche en tulle serre mon cou et s'évase sur mes épaules et mon bustier, si transparente qu'au final, le dessous est parfaitement visible : décolleté échancré, taille parfaitement cintrée, bras dégagés, et les lourds volants tombent pile au-dessus de mes chevilles. Les deux rubis que j'ai aux oreilles sont les seuls bijoux que je porte. J'ai accepté les talons aiguilles offerts par Roland pour l'occasion, lesquelles me cisaillent les chevilles, et ma lourde cascade capillaire est serrée sur un seul côté de ma tête, dans une jeu subtile de courbes élégantes laquées, et tressées.

Honnêtement, je suis magnifique, et les coups d'œil incessants de Rambo le confirment. Si même lui,
j'arrive à capter son attention sans saigner, c'est que le résultat est prodigieux. Le problème étant que Dylan ne nous a pas rejoint dans l'auto pour nous accompagner au gala. Je n'en connais pas la raison, mais à part une brève apparition dans ma chambre d'hôtel rien que pour me prévenir que Roland était prêt à partir, il s'est muré dans un mutisme concernant mes questionnements sur sa tenue négligée qu'il n'avait pas encore quitté.

Alors j'essaye de mettre de côté mes appréhensions, et je souffle un bon coup lorsque je me plante sur le seuil, Roland accordant à son entrée spectaculaire un large sourire édenté qui le propulse vers les faisceaux, comme si l'acteur principal venait enfin de rejoindre la scène.

Les nappes fastueuses et éclatantes ornent les tables du buffet où le cristal règne en maître, et reflète l'éclairage tamisé des lustres qui pendent au-dessus de nos têtes. La mini population est savamment survêtue, robe de couturiers et talons ahurissants, manières aristocratiques au querelles byzantines, bien qu'il soit préférable d'y éviter les sujets fâcheux. La courtoisie, c'est l'arme de guerre préférable dans ce milieux : redoubler de politesse pour se prouver à soi, et aux autres, qu'on vaut mieux que n'importe qui.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant