38 - le chaperon rouge est le loup.

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Dylan

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Dylan

Brises moi.

Brise moi.

Brise moi.

— Tu trouves pas ça bizarre ?

— Boh, tu sais ! émet Maël, d'un flegme convaincu. C'est peut-être qu'un fantasme. J'veux dire, « brise moi », ça peut aussi vouloir dire « prends moi bien fort ». Dis-moi plutôt, c'est qui cette poule ?

Il lorgne son téléphone depuis trois heures, si bien qu'entretenir une discussion aussi sérieuse avec lui relève de l'inconcevable. Je suis sans cesse obligé de le rappeler à l'ordre, et ses réponses évasives ne font qu'épancher son désintérêt.

Pourquoi tout le monde a-t-il l'air aussi étrange ?

Je serre mon joint entre mes doigts en ne pouvant m'empêcher de jeter une regard par delà les conifères, en y distinguant l'éclat reconnaissable de la baie vitrée tapissant la façade intérieure de la chambre de Ruby. Les rideaux sont tirés. Ça change de ses habitudes, à vrai dire. Avant, on avait un accès direct à son intimité suspicieuse.

Càllate, sifflé-je. C'est une fille qui a quelques problèmes, tu penses pas que... J'sais pas, qu'elle soit un danger pour elle-même ?

Bien sûr qu'elle l'est. Dans cette histoire, ce qui m'inquiète le plus, c'est le fait qu'elle se soit adressée à moi pour me lancer sa supplique fendue de larmes. À me l'implorer avec tant de détresse, que pendant un battement cil, j'ai senti un éclair jaillir et me percer le cœur. Près de son autre mec, alors même qu'ils baisaient comme des bêtes dans la voiture, elle n'a rien dit. Elle n'a manifesté aucun mot. Silencieuse si ce n'est ses gémissements qui, je dois l'admettre, m'ont fait bander plus fort que jamais.

La voir, le désirer, la convoiter avec autant de force et de dépit, tout en sachant que je ne pourrais l'avoir. À défaut, je n'ai su me soustraire à cette vue délicieuse : son corps qui allait et venait avec une laideur sensuellement charnelle sur son homme, comme s'il n'était qu'un pauvre mortel dont elle se nourrissait avec ardeur. Une sorte de succube qui a profité de l'ébat pour aspirer l'âme de son défunt qu'elle a congédié sans s'en soucier.

— C'est un danger que pour ta queue ! raille Maël en s'esclaffant grassement. Putain, laisse la vite tomber, elle va l'avaler et l'écrabouiller...

Il calme sa joie lorsque je le dévisage d'un regard noir, et fermé, puis se recentre sur son téléphone.

La suite de l'épisode, il était beaucoup moins plaisant. Ça fait trois heures que cela se rejoue dans mon crâne sans cesse, avec son visage aussi ténébreux et séducteur, que celui hautain et médisant. Comme d'habitude, à vrai dire, mais tout à l'heure... C'était différent. Une sorte d'acceptation qui l'a fait se dévoiler dans toute son hideuse splendeur, à se jouer de tout le monde et n'importe qui sans en appréhender les conséquences.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant