52 - entre l'invasion et l'assujetissement qui nous lie

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— Dis

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— Dis... Pourquoi ils ont dit 'encore amoureux' ? interrogé-je Dylan.

Ça fait dix minutes qu'on a quitté l'antre du mal et ses occupants. Mon coeur recommence à prendre ses dilatations au sérieux, et ma gorge se dénoue du lacet de l'anxiété. J'en profite pour glisser ma main dans la sienne, fixant ses phalanges presser les miennes lorsqu'on remonte la rue à pas pressés, sans trop savoir quoi ressentir.

Les couples font ce genre de choses.

— Je te l'ai dit, ces mecs sont cons. Ils ne croient que ce qu'ils veulent croire.

La musique s'efface peu à peu de l'atmosphère atypique des rues de Port Morris, zone industrielle ou de grandes et vieilles usines de briques et de mortier aux cheminées surpassent quelques fois les habitations, où j'ai pu, de la voiture, observer les nombreux entrepôts bordant les routes, et les anciennes voies ferrées inutilisables dorénavant, jonchées de blocs de bétons éparses et d'une nature invoquant ses droits. La plupart des gens qui nous traversent en sens inverse saluent Dylan, et s'arrêtent quelques minutes pour prendre des nouvelles et faire durer leur simagrée.

Ça me gonfle, m'irrite, surtout quand ce sont des jeunes femmes qui lui adressent une accolade qui s'éternise — semble-t-il ; avant que celui-ci n'ait la sagesse d'y mettre fin pour liquéfier mon exaspération qui se solidifie, et ne les salue brièvement. Chaque fois que son regard retrouve le mien, il est un peu plus angoissé, mais je sens que cela n'a rien à voir avec toutes celles qui viennent de déambuler.

Alors c'est quoi ?

— C'est qui Anne-Lousa ?

— Ana-Luisa, rectifie aussitôt Dylan.

— C'est qui ? répliqué sèchement.

Il serre les dents et comprime mes phalanges, avant que je ne jète ma main vers l'arrière pour quitter sa paume. J'enfonce à la place mes doigts dans les poches, et martèle le trottoir avec plus de rage en filant comme une flèche. J'entends Dylan rire dans mon dos.

— Tu ne sais même pas où on va !

Je ne réplique pas. Je me contente de hausser les épaules, et de rabattre mes mèches sur le côté, dénudant ainsi ma nuque et mes boucles d'oreille en or. Le flair du danger est le plus aiguisé de tous, et mettre au vu et au su de Dylan l'idée d'un vol qui aura pour cible mes lobes d'oreille, je sais que ça le travaille. J'y ai pensé avant de quitter l'hôtel. Ce sont un peu mes jokers pour la journée, outre ma tenue. Il n'y a qu'en me mettant en danger que je sais que Dylan accourra : son travail est plus important que son entichement. Je suis plus sa poule aux œufs d'or, que celle qui éveille en lui des sentiments qu'il ne comprend pas.

— Pourquoi tu t'énerves ? lance Dylan, les bras entrouverts.

— Parce que tu ne veux pas répondre à mes questions.

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant