44 - lourd moment de flottement

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Musique en média

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Musique en média

Me prendre une troisième fois dans la nuit n'était pas une bonne idée, cependant, disparaître totalement le lendemain... c'était bien pire.

Lorsque j'ai tâté les draps en espérant que Dylan les ait quitté, j'ai été soulagé de remarquer que c'était le cas, mais lorsque j'espérais lui proposer de prendre un déjeuner avec moi dans ma chambre étant donné que la journée est libre de tout engagement, je me suis rendue compte que non seulement la porte était fermée, puis, en fouillant plus loin — c'est-à-dire en m'adressant à la réception ; j'ai bien compris qu'il l'avait quitté.

Roland, en bon chef de famille impitoyable, m'a enfermé dans ma chambre en prohibant toute sortie : je n'ai pas le droit de pointer le bout de mon nez dehors. Pourtant, lorsque lui, il disparaît toute la journée sans me fournir une seule explication, et me laisse au soin de son gorille de garde-du-corps, je ne m'effarouche pas.

Je réfléchis.

Où Dylan a bien pu disparaître ? Qu'est-ce qui fait que, lui, maniaque du travail et taraudé par ma sécurité, s'évade dans un souffle sans me laisser un quelconque mot alors que je l'ai déviergé la veille ? C'est à croire qu'il m'a sauté une troisième comme un fou pour s'assurer que je ne me réveille pas, pendant qu'il filait à l'anglaise.

Le salaud.

— Bonjour mademoiselle Richmond, que souhaitez-vous...

— Juste un cocktail, je vais... Je suis là pour prendre l'air.

Le serveur, sur la terrasse du restaurant du dernier étage de l'hôtel, me sourit, et accorde à ma commande plus d'intérêt que n'en aurait obtenu n'importe quel autre client.

Richmond parle de lui-même, pourtant, à mes yeux, Richmond n'a aucun sens.

Regarder les couples flâner, les corps s'emboîter, les rires s'emporter... Ça a encore moins de sens pour moi que ça ne semble en avoir aux yeux du monde. Ma folie à moi, c'était justement de considérer les autres comme des objets, des marches menant à mon piédestal, mais dorénavant, au sommet de la gloire des Richmond, zieutée par les curieux, et prise en photo à chaque coin de rue... le jeu est moins irrésistible qu'auparavant. Les personnes vaniteuses, ça avait son lot de consolation : déconstruire peu à peu ce narcissisme tenace pour m'en sustenter, c'était plutôt divertissant, mais après avoir réalisé comme mes actes me sont aussi avilissants qu'ils en ont l'air, que ce que je fais, c'est mal...

Oui. Ce que je fais, c'est mal. Et penser à Tristan, c'est aussi jouissif que c'en est déplorant, de voir jusqu'où j'en suis arrivée, pour vivre, pour survivre.

Mon téléphone vibre sur la table haute. Je m'en saisis sans vérifier l'interlocuteur, et décroche en le portant à mon oreille.

— Gaël Richmond à l'app...

UNDER THE SPELL 🥀 [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant