Chapitre 2 - Sur la route

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8h20, je quittai l'appartement un peu penaude. J'ai cru que ma mère allait me tuer lorsque je me rendis compte à mi-chemin que j'avais oublié ma carte de bus , j'étais retournée chez moi en catastrophe afin de la récupérer.

Il fallait l'avouer la pauvre, la journée commençait mal.

Entre Aicha qui était malade qui allait certainement passer la journée à la maison, et Marriama qui s'était amusée à enduire son lait hydratant pour le corps dans tout le couloir lorsqu'elle était partie faire tourner une machine.

Je savais qu'aujourd'hui elle devait coiffer une amie à elle en plus...tout lui tombait dessus...la pauvre.

Ma mère je l'aimais plus que tout, c'était mon modèle. Elle se montrait dure parfois avec nous mais elle ne voulait pour nous que le meilleur.

Depuis la mort de mon beau-père, depuis bientôt un an, elle se démenait seule. J'en avais conscience.

Henry était mon beau père, et le père de mes deux petites sœurs : Aicha et Marriama. Il avait malheureusement eut un accident à son travail, Henry travaillait sur des chantiers . Et à cause d'une mauvaise chute, il était resté quelques semaines dans le coma, les médecins avaient préféré le débrancher après l'échec de l'ultime opération qui aurait pu le réveiller.

Henry avait su apporter de la paix et la sérénité dans notre maison. Je n'ai jamais connu mon père biologique. En réalité mes parents n'avaient jamais été mariés. Mon géniteur avait eu trois enfants d'un précédent mariage, et lorsque ma mère était tombée enceinte de lui il était tout simplement retourné au Sénégal et s'était remarié avec une autre femme.

Ma mère m'a avoué plus tard que je n'avais pas été désirée, et à l'annonce de sa grossesse il avait été en colère après elle car lui ne voulait pas d'autres enfants du moins...il ne voulait pas d'enfant avec elle.

Je savais juste de lui qu'il dirigeait une entreprise de taxi et qu'il était devenu papa de quatre autres enfants par son deuxième mariage. Ma mère avait rencontré Henry quelques mois après ma naissance. Et ils s'étaient officiellement fréquentés lorsque j'avais eu cinq ans. Henry avait été comme un père pour moi. Il m'avait toujours considéré comme sa fille. Il n'avait jamais fait de différence entre mes petites sœurs et moi...

À sa mort, ma mère aurait pu se laisser aller, faire une dépression, mais rien de cela. Elle avait su rester forte malgré cette terrible épreuve . Ne lâchant rien, s'occupant de moi et de mes sœurs comme elle le faisait auparavant .

Henry n'avait jamais voulu que ma mère travaille après la naissance d'Aicha, il avait voulu qu'elle s'occupe pleinement de nous et il ne voulait pas gaspiller l'argent qu'il gagnait pour que des nounous s'occupent de nous.

Mais ces derniers mois, heureusement que mes tantes, et les aides sociales nous avaient épaulés. Apparemment Henry avait fait pas mal de crédits, et n'avait rien dit à ma mère. En quelques mois j'avais vu des créanciers, un notaire et des huissiers défiler chez moi chaque semaine.

À présent notre vie était plus calme et tout semblait être rentrer dans l'ordre...du moins en apparence...

Arrivée au rendez-de-chaussée de l'immeuble, je vis Madame Taktouk qui consultait le courrier qu'elle avait dans sa boite aux lettres. C'était une petite femme ronde et très gentille. Son mari travaillait à l'épicerie où l'on faisait nos courses, et leurs deux filles, "les jumelles" avaient un an de plus qu'Aicha. Je crois que l'année prochaine elles iront au CP. J'adorais la famille Taktouk. Ils étaient Libanais d'origine et étaient toujours prêts à rendre service aux autres.

Monsieur Taktouk, son mari avait énormément épaulé ma mère pour s'occuper des funérailles d'Henry et il avait organisé une collecte dans l'immeuble pour aider notre famille.

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