Et me voilà, lundi matin en cours à ressasser sans arrêt sur les injustices de la vie...
Mon regard se posa soudainement sur mon portable. Il n'était que 10h36, je n'avais qu'une envie c'était de me coucher et pleurer toutes les larmes de mon corps que je m'efforçais à contenir au fond de moi.
J'avais passé mon weekend terrée chez moi en compagnie de ma mère et de mes petites sœurs. Avec le temps brumeux et pluvieux, je n'avais eu aucune envie de sortir dehors.
Sarah avait eu le mariage de sa cousine de son coté , pour Chang c'était l'anniversaire de mariage de ses parents qu'elle avait du célébrer avec sa famille. Quand à Ben, il avait été puni jusqu'à nouvel ordre car il s'était battu avec son frère.
Momo était passé chez moi le dimanche soir, il s'était décidé à venir me voir pour me parler. Ce fut ma mère qui lui ouvrit puis elle le mena à ma chambre sans poser de question, mais je sus dans la soirée qu'elle était au courant de la nouvelle qu'il venait m'annoncer.
La mère de Momo avait un cancer depuis un moment. Un cancer du sein dépisté à un stade assez avancé...Les médecins et les radiologues avaient fait leur possible depuis plusieurs mois afin de ralentir et stopper la progression de la maladie. Ses dernières semaines son état avait empiré et elle était clairement au stade terminal.
Au fil de son récit, pour la première fois de ma vie je vis des larmes couler sur les joues de Momo. Depuis plusieurs semaines, sa mère était hospitalisée.
Lui qui était toujours de bonne humeur, je le voyais pour la première fois pleurer devant moi, et se confier sur le sort qui s'acharnait sur lui et sa famille.
Je ne comprenais pas cette injustice. Je ne comprenais pas le sens de la vie. Une colère et le désespoir avait habité mon être tout entier.
Je connaissais sa mère, Awa . C'était une femme courageuse. Stricte envers ses enfants, mais tellement généreuse .
-Khadija, ça va ?
La voix de Blandine me fit l'effet d'un électrochoc . Nous étions en cours d'espagnol et je n'avais pas remarqué que le professeur venait de commencer à former des binômes.
-Oui...on doit faire quoi? Fis-je en ouvrant mon livre.
-On forme des binômes , pour un travail à rendre. Tu es avec Andréa.
Je fermai les yeux, je n'avait dormi que deux heures la nuit dernière, j'étais facilement irritable aujourd'hui.
-Pourquoi...Marmonnai-je.
-C'est le professeur qui a formé les groupes. Répondit Blandine en se levant pour rejoindre son binôme. Te plains pas, moi je suis avec Augustin Sonnary j'ai l'impression que cela ne va pas être de la tarte.
J'étais en début de rang, Andréa qui était au fond de la classe s'approcha de moi et prit une chaise.
-Quel entrain. Commenta-t-il.
Je levai les yeux vers lui et tentai d'esquisser un faible sourire.
-Tu es sûre que ça va ? Demanda Andréa en m'observant attentivement.
Mes yeux rivèrent brusquement sur mon cahier. Oh non...Je sentais cette sensation de picotements dans mes yeux. Je n'allais quand même pas pleurer en cours...
-Viens on sort. Dit-il en se levant.
Il prit délicatement ma main , le professeur nous interrogea du regard et lorsqu'elle vit mon visage elle nous laissa quitter la classe sans protester.
Andréa me dirigea vers l'unique et célèbre distributeur de boissons du couloir.
-Tu veux quoi ? Demanda-t-il, le regard sérieux.
-Quoi?
-Tu veux prendre quoi?
Il mit plusieurs pièces dans le distributeur et prit finalement deux chocolats chauds ainsi que des madeleines. Nous nous s'installâmes non loin du distributeur sur un banc.
Le gout du chocolat était ignoble et avait un goût amer.
-Il est dégueu le chocolat hein ? Dit-il, amusé.
Mon regard croisa le sien qui était hilare, et je ne pus me contenir d'éclater de rire et de très vite éclater en sanglots.
Bon sang, j'avais l'air bien conne maintenant à rire et à pleurer en même temps. Il me fallut bien quelques minutes pour me calmer et à ma grande surprise Andréa déposa son chocolat chaud et sa madeleine et m'attira doucement contre lui . Il passa son bras autour de mes épaules et attendit que je me calme pour lancer la conversation.
-Je n'ai pas de mouchoirs, le papier des chiottes ça te dit ? Dit-il en fouillant dans ses poches.
Andréa partit chercher du papier, puis revint avec une énorme boule de papier toilette dans les mains.
-Tiens. Dit-il en me tendant le papier toilette. Bon maintenant que tu t'es calmée, raconte-moi ce que t'as mis dans cet état.
-Je n'ai pas vraiment envie d'en parler.
-Je n'ai plus de monnaie pour un chocolat chaud bien dégueulasse en plus. Ajouta-t-il en fouillant dans son portefeuille en cuir.
Je fus abasourdie par la vue des multiples billets qui étaient soigneusement rangés dans une des poches de son portefeuille. Il devait y avoir une véritable fortune.
-Ils abusent quand même. Murmurai-je, la voix enrouée. Je suis sûre qu'au niveau de la trésorerie ils s'en sortent bien ici et ils osent faire des chocolats chauds de ce niveau. Même dans mon ancien lycée avec un petit budget , le chocolat était meilleur.
-Ils avaient peut-être peur des représailles. Fit Andréa.
-Pourquoi tu dis ça ? Demandai-je en fronçant les sourcils.
-Ici, si tu te plains sache que rien ne change. Souligna-t-il. Rien que pour la cantine et le choix qu'ils proposent par exemple...
-Arrête, la nourriture de la cantine est bonne, si on la compare à celle de mon ancien lycée il n'y a rien à voir. Coupai-je.
Andréa vida son chocolat chaud d'un trait et le jeta dans une poubelle.
-Tu vois qui c'est Henry De Mulder? Demanda-t-il soudainement.
-Non.
-Si, tu vois qui c'est. C'est le grand blond avec la tignasse, celui qui a taclé Paul comme un porc vendredi dernier.
Ah oui je me souvenais de lui. Sacré tacle de sa part et Paul avait mis plusieurs minutes avant de pouvoir se relever.
-Il fait une intolérance au gluten. Poursuivit-il. Le collège n'a jamais voulu modifier son menu ou proposer un choix de repas sans gluten parce qu'il est le seul dans le lycée à avoir cette intolérance.
-Je ne savais pas.
Nous vîmes passer les surveillants Alexandra ainsi que Bill, celui qui nous avait pris en grippe la semaine dernière à la bibliothèque.
-On devrait revenir en classe. Proposa Andréa. Billy est dans les parages et je suis dans le top 3 des élèves qui risquent d'être collés ce weekend...il a déjà pris mon carnet de correspondance ce matin en pause car il m'a vu trafiquer la machine à café avec Paulo.
Il parut satisfait lorsqu'il vit un sourire apparaitre sur mon visage.
-En faite ce weekend, je fête mon anniversaire. Tu veux venir avec Madjid et tes amis de la dernière fois?
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Nos Différences
Novela JuvenilKhadija vit avec ses deux petites sœurs et sa mère dans les quartiers populaires de la ville de St Joseph. Toujours accompagnée de ses amis d'enfance et de quartier : Sarah, Chang, Momo et Ben, sa vie va pourtant bientôt être chamboulée... Car étant...