Nos Différences

Chapitre 26 - Le cours de français aux côtés de Margaux Rouquaix

-J'aimerais que vous preniez une feuille et que vous vous présentiez . Annonça Madame Buard assise à son bureau. Qui êtes-vous? Quels sont vos objectifs dans la vie? Quels sont vos rêves ? Vos projets? Allez-y, je vous laisse dix minutes.

Ma voisine de table, Margaux Rouquaix soupira. Je la vis pianoter sur son portable avant de se tourner vers Alexine. Elle me jeta un regard noir et se mit à griffonner des dessins sur une feuille.

Par curiosité, j'avais regardé la veille quelques interviews et extrait de films de sa mère. Et elle ne possédait pas une once de classe et de charisme de celle-ci...

Mon stylo à la main je ne savais par où commencer, mais assez vite les idées commencèrent à défiler. Même que les dix minutes étaient passées trop vite à mon goût et Madame Buard frappa dans ses mains.

-Maintenant j'aimerais que vous échangiez vos feuilles avec celle de votre voisin. Annonça-t-elle.

Je jetai un bref coup d'œil à Margaux, qui me prit aussitôt ma feuille et me donna la sienne :

Margaux Rouquaix.

Je ne sais pas vraiment quel métier je ferais plus tard.

Constamment on me rappelle que je suis une fille de...On me destine à des choix de carrière qui ne me ressemblent pas.

On ne me laisse pas vraiment l'opportunité de m’exprimer . On s'attend à ce que je dise que j'aime le théâtre et le cinéma comme ma mère. En réalité j'aime la photographie.

Mais si je me lance dans ce domaine-là, on me rappellera toujours qui je suis, c’est-à-dire une fille de…

Je suis admirative de tout ce qu'elle a fait dans sa vie ma mère . Ses films, son bénévolat pour les Associations  Humanitaires, les pièces dans lesquelles elle a joué. Elle est ma mère, à la maison du moins, lorsqu'elle n'est pas en tournage elle est simple, sensible et à l'écoute.

J'ai aussi ses traits de caractère. Les gens se tournent vers moi et me donnent l'étiquette de fille de , j'ai peut-être ce masque froid pour me protéger des autres car eux-mêmes sont impitoyables à mon égard.

Quand je vais en Afrique je suis heureuse.

La beauté de ce continent est sans nom. J'ai aimé chaque pays que j'ai visité, j'ai été frappé par la générosité et l'accueil des gens. Ils ont dix fois moins que moi et ils donnent dix fois plus.

J'ai plus de milles photos de mes voyages là-bas, et  je ne me lasse jamais de les regarder.

Je venais de terminer de lire sa feuille et j’étais agréablement surprise par son contenu.

-Tu es déjà allée au Sénégal? Me demanda-t-elle après avoir lu ma feuille.

-Une fois lorsque que j'étais petite, mais je m’en souviens pas . Répondis-je en lui rendant sa feuille.

-C'est un très beau pays, j'y vais souvent. Ma mère a une amie qui possède une maison dans la capitale. Dit-elle en baissant les yeux. J'ai lu ta feuille, toi aussi tu as perdu ton père?

J'avais mentionné Henry comme étant mon père, même si en réalité il n'avait été que mon beau père. Mais il s'était occupé de moi comme si j'avais été sa fille et je n’avais connu que lui. Pour moi, mon véritable père était mort.

-J'ai perdu mon père quand j'avais cinq ans. Murmura-t-elle en observant ma feuille . Je n'ai pas vraiment de souvenir de cette période. Mais je considère mon beau-père comme mon père aussi.

Elle n'eut pas le temps de renchérir car Madame Buard passa dans les rangs pour ramasser nos travaux .

-Maintenant que vous avez lu la feuille de votre voisin de table. Dit-elle, les copies dans les mains. J'aimerais que vous écriviez et que vous imaginiez pour la prochaine fois, son point de vue dix ans plus tard.

-On peut inventer n'importe quoi? Demanda Joshua qui avait pour voisine Mathilde.

-Inspirez-vous de ce que vous avez lu, oui. Précisa notre professeur.

Je vis dans les yeux de Mathilde qui observait Joshua avec une pointe de défi.

-En lisant vos écrits cela va me permettre de vous connaitre personnellement . Poursuivit Madame Buard. Et de connaitre votre style d'écriture.

-Je suis un écorché vif moi. Plaisanta Antoine, derrière moi.

-Chaque individu à son style d'écriture qui lui est propre. Expliqua notre professeur de français. Et je trouve cela intéressant de le travailler à votre âge. Cela vous servira plus tard.

Ce travail m’enchantait, j'avais toujours adoré le français.

Pour moi la grammaire, l'orthographe et la conjugaison n'avaient aucuns secrets pour moi. Dommage qu'il n'en était  pas de même avec les formules de maths et de physique-chimie...